Le Nouvelliste 16 août 2005

Une belle histoire d'entraide

Deux jeunes deviennent propriétaires de la ferme Équinoxe

Trois-Rivières

Brigitte Trahan

Il est citadin. Son collègue arrive d'une famille d'agriculteurs. Alexandre Tourigny et David Lemire avaient un rêve en commun: devenir propriétaires d'une ferme.

Comme c'est le cas pour tous les jeunes qui partagent aujourd'hui leur ambition, leur enthousiasme s'est fait rabattre par le coût exorbitant des terres agricoles. Du moins pour une brève période.

Depuis avril, les deux producteurs dans la jeune trentaine sont maintenant propriétaires d'une des plus grosses fermes maraîchères de la région, l'ancienne ferme Gagnon du secteur Trois-Rivières-Ouest qui porte aujourd'hui le nom d'Équinoxe.

Leur secret est simple mais illustre bien la sympathie qu'ils attirent à eux pour leur courage et leur détermination. Il s'agissait de bien s'entourer des bonnes personnes.

Une connaissance de la famille, M. Bernard Lampron, a sauté avec joie sur le défi de relancer une nouvelle entreprise. Propriétaire retraité de la salle de réception La Rose d'or, M. Lampron a aussi déjà possédé des tabagies. Le commerce, il connaît bien.


PHOTO: STÉPHANE LESSARD

De gauche à droite: M. Alexandre Tourigny, co-propriétaire de la ferme Équinoxe, M. Bernard Lampron et M. François Gagnon, les deux mentors de l'entreprise et M. David Lemire, co-propriétaire.

«Je n'ai pas d'enfant», confie-t-il. «Il me fait donc plaisir de transmettre mes connaissances et de soutenir deux jeunes comme eux dans la relance d'une entreprise. C'est un défi qui me passionne», dit-il. À preuve, le mentor est sur place pour s'occuper du kiosque de fruits et légumes tous les jours de la semaine, incluant les samedis et les dimanches.

L'an dernier, Alexandre Tourigny, qui est toujours agronome pour le compte de ,l'UPA et David Lemire avaient loué la ferme Équinoxe pour faire leurs preuves. L'expérience acquise fut un argument de taille quand vint le temps de se présenter à la banque, fait valoir Alexandre Tourigny. Aspirants producteurs, ils avaient auparavant loué des terres à Yamachiche pour y faire pousser des légumes et ouvert un kiosque de vente au détail des produits de la ferme.

Dès qu'ils ont loué la ferme Équinoxe, les deux jeunes hommes ont eu l'appui inconditionnel de l'ancien propriétaire, M. François Gagnon, qui n'a pas hésité à partager sa vaste expérience dans le domaine, tant au niveau de la mise en marché que de la culture elle même. M. Gagnon ne cache pas son étonnement de voir comment ses deux protégés ont su s'entourer et ont vite appris à déléguer. «Ma méthode était bien différente dans le temps», confie-t-il. «J'étais un solitaire et je faisais mes affaires seul. Mais ils ont une personalité qui font que les gens ont le goût de venir les supporter», raconte-t-il.

Et l'appui ne s'arrête pas là. Pierre Ricard de la ferme Ricard de Louiseville, leur a prêté de la machinerie et ils ont aussi eu un coup de pouce de Jean-Yves Renel de la Ferme du Domaine du secteur Shawinigan-Sud. «Il nous a ouvert des portes», explique Alexandre Tourigny. D'autres producteurs acceptent de leur vendre de la marchandise en cas de pénurie pour leur kiosque, un service qui va d'ailleurs dans les deux sens. «On dirait qu'on est comme des petits frères pour eux», ajoute-t-il.

Ce dernier apprécie d'ailleurs aussi l'aide de son père, un enseignant à la retraite, qui donne un bon coup de pouce pour garder la ferme propre et accueillante.

Alexandre Tourigny et David Lemire prennent la relève d'une ferme qui avait besoin d'être remontée. Les anciens propriétaires, qui avaient succédé à François Gagnon, n'avaient pas investi suffisamment dans le développement. Dès le contrat de propriété signé, toutefois, les deux producteurs ont planté pas moins de 100 000 plants de fraises supplémentaires pour répondre à la demande de la clientèle. Cette année, les plants étaient soit trop vieux ou soit trop jeunes pour donner le rendement souhaité. Toutefois, dès l'an prochain, les efforts de nouveaux propriétaires commenceront à faire la différence. «Nous sommes contents que la clientèle ait été patiente avec nous», disent-ils.

«Il faut donner une chance aux jeunes», fait valoir François Gagnon.

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