Le Nouvelliste 15 janvier 2005

POINTS DE VUE

J'ai de la peine pour mon village

L'auteur Serge Carbonneau,
est un citoyen de Yamachiche.

Quand je pense à tout ce qui s'est Passé dans le dossier de la relocalisation de la Caisse populaire d'Yamachiche dans le stationnement de l'église, je ressens une grande tristesse.

Cette tristesse se situe à un niveau beaucoup plus important que le simple fait que le mouvement Desjardins ait décidé de relocaliser une de ses nombreuses succursales supposément pour améliorer sa visibilité et augmenter son chiffre d'affaires. Ce dossier est maintenant clos et la construction de la nouvelle caisse va bon train.

Dû à la façon dont ce dossier a été mené, on a réussi à démotiver une très grande partie de la population de mon village et ce, peut-être pour toujours.

Que l'on pense à notre évêque, au curé et aux marguilliers de la paroisse qui n'ont pas su, avant que le ton monte et que le tout s'envenime, faire une pose Pans ce dossier voyant qu'il devenait beaucoup plus passionné que rationnel. En un mot, un dossier qui contenait tous les ingrédients qui amènent de bons amis de longue date à se déchirer. C'est seulement quand ils ont senti la soupe chaude, que le mal a été fait, qu'ils ont suggéré que... étant donné que.


                                                                           Photo : Krystine Buisson

La nouvelle caisse en construction

Être le pasteur d'une communauté, c'est en premier lieu s'assurer qu'elle vive en harmonie afin qu'elle puisse s'épanouir au maximum dans l'amour du Christ. Diriger c'est en priorité prévoir.

La direction générale de la Caisse populaire a affirmé haut et fort qu'elle ne se laissera pas dicter par quelques dissidents (plus de la moitié de la population en âge de voter) la façon de gérer son entreprise. Encore là, très grande déception pour les citoyens d'entendre parler «leur Caisse populaire» comme une entreprise et non une coopérative à l'écoute de ses membres. Plusieurs personnes se doutaient bien que tout ce qui restait de coopératif chez Desjardins c'était le nom, mais se le faire dire en pleine face, ça laisse des traces.

Toute personne le moindrement au fait de ce que c'est que d'opérer une entreprise n'ira jamais de l'avant avec un projet qui rencontre autant d'opposition. Tout bon gestionnaire aurait tout au moins retardé la réalisation de son projet et cela même s'il y croyait fortement et il aurait plutôt investi temps et argent pour amener ses clients à partager ses vues. Un entrepreneur digne de ce nom sait que le vrai patron d'une entreprise c'est le client.

Plusieurs citoyens se sont présentés à une réunion du conseil municipal d'Yamachiche pour demander à leurs élus de prendre position. Encore une fois, grande déception pour tous parce que le conseil a refusé de prendre position et s'est dit neutre, car pour les élus c'était un dossier qui ne les regarde pas. C'était uniquement entre la Caisse populaire Desjardins et la Fabrique. Les gens d'Yamachiche avaient grandement besoin de savoir ce que ces personnes élues et respectées de tous pensaient de ce dossier et les raisons pour lesquelles elles étaient pour ou contre.

Dans une situation qui divise autant une population, un conseil municipal se doit de prendre position sans pour autant intervenir directement auprès des corporations concernées. Plusieurs citoyens ont très déçus du manque de leadership de leurs élus et se sont sentis abandonnés.

À la mi-décembre 2004, à la demande de plus de 100 membres, la Caisse populaire Nérée-Beauchemin convoquait une assemblée générale spéciale. La construction de la nouvelle caisse était déjà très avancée et personne ne pensait qu'il puisse être encore possible de faire marche arrière. J'ai un triste souvenir de cette soirée avec mes amis d'Yamachiche et cette tristesse n'a aucun rapport avec le fait que l'on relocalise la Caisse populaire dans le stationnement de l'église.

Triste parce que...
-La direction de «ma Caisse populaire» a exigé que des employés qui sont aussi mes amis et qui me connaissent depuis plus de 25 ans m'arrêtent à mon arrivée pour m'identifier (ces derniers étaient aussi mal à l'aise que moi d'avoir à exécuter ce sale mandat).

-On a engagé un agent de sécurité pour maintenir l'ordre.

-La direction de «ma Caisse populaire» a décidé de tout enregistrer les interventions des membres en présence d'un avocat. On aurait voulu augmenter la pression; on aurait pas pu faire mieux.

-Le président de l'assemblé nous a confirmés et cela d'un façon très honnête que la décision d'aller de l'avant avec le projet de construire une nouvelle Caisse dans le stationnement de l'église, avait été prise à l'unanimité. Il nous a donc par le fait même confirmé que les, cinq membres d'Yamachiche qui siègent sur le conseil d'administration de la Caisse populaire Nérée-Beauchemin  n'ont pas jugé bon d'intervenir pour que l'on retarde ce projet. Un projet qui divisait très profondément la population qu'ils sont supposés représenter.

-Egalement, pour ce que j'ai vu et entendu lors des débats de cette assemblée où chaque intervention était acclamée et huée (en même temps) tout cela entre amis. On se serait cru à une partie, de hockey où chaque partisan se défoule, le tout agrémenté d'insultes et d'attaques personnelles, d'un côté comme de l'autre. Tout cela entre personnes qui sont des amis de longue date et même des parents.

En arriver là en si peu de temps représente tant qu'à moi un échec collectif.

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