Un débat trop émotif
J'ai pu rire dans vos pages dernièrement
la volonté de certaines personnes de Yamachiche de
retarder, voir même empêcher, la construction d'un
nouveau bâtiment pour la caisse populaire
Nérée-Beauchemin. Ces objections m'ont étonné.
Lors de l'assemblée générale, on nous a aussi mentionné
que l'acquisition d'un terrain, offrant un meilleur
positionnement stratégique commercial, avait été conclu
avec le conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Anne
de Yamachiche. Que cette acquisition avait reçu l'aval
du curé la paroisse ainsi que des autorités épiscopales.
Que cet arrangement convenait aux deux parties et que
chacune d'elles y trouvaient son compte.
Toujours lors de cette assemblée générale, il a été fait
mention du dévoilement prochain d'une maquette, on
invitait alors les membres de Yamachiche à en prendre
connaissance et à apporter leurs commentaires. A mon
sens, cette invitation visait à offrir aux membres la
possibilité de s'exprimer sur leurs préférences et leurs
besoins de commodités. Elle ne visait pas à revoir la
décision d'une nouvelle construction.
Je n'ai vu aucun argument sérieux dans les objections
qui ont été formulées dans vos pages qui pourraient
mettre en doute les conclusions des études et des
négociations qui ont été alors annoncées lors de
l'assemblée générale. Aucune étude sérieuse démontrant
qu'une nouvelle caisse n'apportera pas un niveau
d'affaires plus élevé et une plus grande profitabilité.
Aucun élément démontrant que l'acquisition d'un terrain
de la paroisse ne pourrait pas nuire, de quelque façon
que ce soit, aux paroissiens ou à la pratique
religieuse.
«Il faut aller de ravant...» |
Je ne fais pas affaire à la caisse de Yamachiche. En
fait, il y a seulement très peu de temps que je sais où
votre caisse est située, même si je suis déjà passé par
votre village souvent pour me rendre ailleurs. Votre
caisse pourrait demeurer désuète, vétuste et le niveau
de ses affaires pourrait diminuer que cela ne changerait
rien dans mon environnement immédiat, en apparence.
En fait cela ne changerait rien si votre caisse ne
faisait partie de «ma» caisse. Je suis membre de la même
caisse que vous en faisant affaires à
Saint-Etienne-des-Grès. Je juge important que ma caisse
puisse réaliser les meilleures affaires possibles et
dégager le plus de profits possibles.
En faisant de bonnes affaires, ma caisse dégage des
excédents, des profits. Les excédents de ma caisse me
procurent ma ristourne. Les excédents de ma caisse lui
permettent de soutenir la communauté. Ce soutien se
manifeste par des aides monétaires et par l'implication
du personnel de la caisse dans plusieurs organismes
locaux. Ce soutien se manifeste aussi par des
investissements majeurs au profit de ma communauté.
Je suis bien placé, à Saint-Étienne, pour apprécier
l'implication de ma caisse, de son personnel et de ses
dirigeants dans leur communauté. On peut penser au
développement initial de notre CPE, de notre coopérative
santé et de notre résidence pour personnes âgées. Nous
avons pu conserver et améliorer notre résidence grâce à
ma caisse. Plus «notre» caisse sera importante et
prospère, plus on pourra bénéficier collectivement de ce
genre de retombées.
Les excédents de notre caisse lui
permettent aussi de soutenir des projets de
développement régionaux. La profitabilité des caisses de
notre région permet au mouvement Desjardins de soutenir
des projets d'envergure nationale. C'est ça la force de
la coopération dont ils parlent! Quand des projets dans
ma communauté ou dans ma région peuvent en bénéficier,
je suis fière d'être membre chez Desjardins.
En résumé vos arguments émotifs menacent
de diminuer la rentabilité de «notre» caisse. Vous
menacez des investissements importants dans votre propre
village et des mesures d'aide essentielles aux
organismes oeuvrant dans toutes les communautés
desservies par la caisse Nérée-Beauchemin.
J'espère simplement que le bon sens
saura prendre le dessus sur des ressentiments émotifs
qui n'ont rien à voir avec une décision d'affaires
mûrement réfléchie. Je comprends que le changement peut
déranger. Déranger ne veut pas dire être nuisible ou
défavorable... Il faut aller de l'avant, pas seulement
pour les quelque 3000 personnes de Yamachiche, mais
aussi pour les quelque 10 000 membres que compte notre
caisse dans Maskinongé.
Éric Desaulniers
Saint-Étienne-des-Grès