Le Nouvelliste 4 septembre 2004

Gardienne du temps à Yamachiche

La maison Nérée-Beauchemin restaurée avec amour

CATHERINE BILODEAU
Yamachiche

Sur la rue Sainte-Anne, à Yamachiche, se dressent en un alignement cramoisi une vingtaine de maisons de brique rouge aux caractéristiques architecturales typiques de la ville. Cet assortiment d'immeubles unique témoigne de la présence de briqueries qui existaient autrefois dans les environs. «Le matériau était là, le savoir-faire s'est développé», révèle à cet effet Marie-Berthe Guibault, propriétaire de l'une de ces demeures aux allures d'une autre époque.

Inspirées du style néo-classique datant du XIXe siècle, ces sentinelles richement ornementées, oeuvres de deux frères architectes originaires de l'endroit, Joseph et Georges-Félix Héroux, paraissent conserver jalousement l'âme du village tant par leur uniformité que par leur étonnante préservation.

Cette sauvegarde, on la doit en majeure partie à ces individus qui, au fil des années, s'en sont portés acquéreurs avec la conviction profonde qu'il valait la peine de les mettre en valeur. C'est avec cette volonté que Mme Guibault est devenue l'heureuse propriétaire de la maison Nérée-Beauchemin, en 1995. «C'est un privilège de vivre dans une telle maison, mais il faut avoir le goût de ça», estime-t-elle,consciente de la responsabilité qui lui incombe désormais

Restauration d'un rêve

Si l'aspect historique de la maison Nérée-Beauchemin a en grande partie motivé le choix de Marie-Berthe Guibault lors de l'achat de sa demeure, il s'est surtout agit d'un coup de coeur à l'endroit du poète né à Yamachiche: «Au début des années 70, il y a eu des journées portes ouvertes de la maison auxquelles je me suis rendue. Je me demandais: qui est ce personnage de Charles-Nérée Beauchemin? Lors de la visite, j'ai pensé que ce serait une chance d'y habiter». Un rêve qu'elle a pu concrétiser quelque 20 ans plus tard, lorsque la maison a été mise en vente.

Suite à l'acquisition de cette construction érigée en 1867 et classée monument historique en 1978, Mme Guibault et son conjoint, Alain Denis, ont poursuivi les travaux de rénovation et de restauration déjà bien entamés par le propriétaire précédent. «L'ancien propriétaire l'avait repris à zéro. Il avait déjà fait refaire les ouvertures, le chauffage, l'électricité, la plomberie», relate-t-elle.

La première étape fut donc, pour eux, le remplacement du mortier des fondations. «C'était le mortier d'origine. Il commençait à se désintégrer», se rappelle Mme Guibault. La magnifique clôture blanche ceinturant l'habitation, véritable dentelle, a elle aussi eu droit à une cure de jouvence.

«La clôture, c'est le coup d'éclat de la maison», expose la propriétaire. Elle l'a ainsi fait reconstruire par un artisan d'après les techniques de fabrication traditionnelles, en bois d'acajou, qui a la propriété de repousser l'eau.


PHOTO: STÉPHANELESSARD
Alain Denis et Marie-Berthe Guibault sont les heureux propriétaires de la maison Nérée-Beauchemin sise à l'angle des rues Sainte-Anne et Nérée-Beauchemin, à Yamachiche. La demeure, construite en 1867 et classée monument historique en 1978, se distingue notamment par les magnifiques volets encadrant ses fenêtres de même que par sa clôture blanche, véritable bordure de dentelle.

«Pour ne plus jamais avoir à y retoucher», mentionne celle qui s'est ensuite attaquée à l'aménagement paysager puis au système de chauffage du premier étage. «Avant, il y avait un plafond radian. Maintenant, c'est sous le plancher du premier que l'eau chaude court», explique Mme Guibault.

Un mouvement irréversible

En ce qui a trait à l'intérieur de la résidence, Marie-Berthe Guibault insiste sur le respect de son caractère historique. «Tous les meubles ont l'âge de la maison», cite-t-elle en exemple. C'est ainsi qu'à raison d'une pièce par année environ, elle et son conjoint ont récuré, décapé, repeint, remplacé, meublé leur nouveau chez-soi. «J'ai toujours eu beaucoup de satisfaction à conserver cette maison et à lui redonner l'âme, l'esprit qu'elle avait autrefois», évoque la dame avec passion.

Cette dernière a pourtant pris la décision de mettre la maison Nérée-Beauchemin en vente. «J'ai acheté une autre maison en 1998, dans Lanaudière, ma région natale. Ici, je suis trop loin de ma famille», confie celle qui espère demeurer dans son logis d'Yamachiche encore quelques années. «Tant que je n'aurai pas rencontré quelqu'un qui en prendra soin comme moi», confie-t-elle. Mme Guibault ne s'en fait pas outre mesure: «Trop de chemin a été fait. Le mouvement est irréversible».

C'est avec la voix comblée de ceux qui ont concrétisé leurs rêves qu'elle conclut: «J'en profite du mieux que je peux pendant que je suis dedans. Après, ce seront de beaux souvenirs».



C'est à une reconstitution d'un salon d'autrefois
que le visiteur se trouve confronté lorsqu'il pénètre dans cette pièce du rez-de-chaussée. Meublée avec goût dans un style seyant parfaitement à l'esprit originel de la maison, elle rappelle cette époque pas si lointaine où l'on conviait les invités à «passer au salon».

 


PHOTO: STÉPHANE LESSARD
«Tire la chevillette et la bobinette
cherra», voilà l'invitation que
paraît lancer cette clochette
d'autrefois située au-dessus de la
porte principale et qui laisse entendre son «ding-dong» à la condition que l'on actionne sa chaînette. Pour ce faire, il suffit
d'appuyer sur l'authentique bouton de sonnette de l'entrée.


PHOTO: STÉPHANE LESSARD
 

 

Les pièces de ferronnerie ont
toutes été restaurées par Mme
Guibault et son conjoint. De cette
façon, elles ont préservé
tout leur cachet.

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