Le Nouvelliste 30 juin 2004

OPINIONS DES LECTEURS


Ça ne sert pas les paroissiens

L'auteur est l'abbé Gabriel Villemure
de Yamachiche.

La caisse populaire Desjardins Nérée-Beauchemin veut construire une nouvelle caisse sur les terrains de la fabrique, devant le cimetière. La majorité des paroissiens est-elle en accord avec ce projet? Pourquoi construire à cet endroit et pour servir les intérêts de qui exactement?

Il y a eu un temps où la caisse populaire était au service du bien commun, comme toutes lés institutions financières; puis, ici comme partout en Amérique du Nord, on a eu pour seul projet de société la croissance économique. On a perdu le sens du bien commun.

La caisse populaire Nérée-Beauchemin veut avoir pignon sur rue sur la place de l'église, voilà la concurrente qui perd son prestige. Le temple de l'argent doit prendre la place. Pourquoi ne pas installer la Banque Nationale de l'autre côté?

On a déjà fait disparaître le couvent, la maison du sacristain, maintenant il faut masquer le cimetière. Le terrain de stationnement était à peine assez vaste, récemment, pour recevoir les voitures à l'occasion de funérailles. Céder cet espace du terrain pour 50 000 $? Cela ne couvre pas le méfait d'une telle décision.

La consultation du 15 juin 2003 a rejoint 191 paroissiens. Les 500 paroissiens et paroissiennes et plus qui ont signé des pétitions contre ce projet prennent enfin la parole à temps.

La caisse populaire peut donner du service à la population là où elle se trouve présentement et peut s'étendre en faisant l'acquisition de la propriété voisine.

L'intérêt de construire un édifice devant le cimetière, sur les terrains de la fabrique ne sert pas les paroissiens, il servira les intérêts d'une institution financière. «Nul ne peut servir Dieu et l'argent ou bien il aimera l'un et détestera l'autre» comme nous l'enseigne l'Évangile.

Pourquoi dévisager ce lieu sacré? Et quand on affirme que l'on a de la fierté, pourquoi?

C'est un grand défi que de vendre un bien légué par ses pères et ne pas le transmettre à ses descendants avec ses valeurs. Notre poète, Nérée-Beauchemin, dont la caisse populaire porte le nom sera très gêné d'être toujours à l'ombre de cette construction, puisque sa tombe est là juste à l'entrée. Il aura sûrement la tentation de se retourner dans sa tombe.

Peut-être écrira-t-il en lettres de feu son amour pour son église et sa peine qu'on ait perdu le sens des valeurs spirituelles, des lieux sacrés que l'on a reçus et qui ne nous appartiennent pas, il nous sont confiés. Si encore on cédait des terrains pour vivre et faire vivre!

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