Le Nouvelliste 10 janvier 2004

 

Le clocher d'Yamachiche comme cible 

La Défense nationale retrace l'historique de ses vieux obus

 

BRIGITTE TRAHAN

Le ministère de la Défense nationale est en train d'éplucher tous les vieux registres du Centre d'essais et d'expérimentation de munitions de Nicolet de 1952 à 1959 afin de retracer les endroits où ont été tirés ses obus depuis l'ouverture du centre.

Cette démarche fait suite à un entretien qu'a eu un employé retraité du CEEM avec le Groupe d'action des riverains (GAR) et au cours duquel il a relaté que dans les années 50, la Défense nationale tirait vers le nord en prenant le clocher d'Yamachiche comme point de repère.

Bien entendu, l'église elle même n'était nullement visée car les obus ne dépassaient pas 800 mètres au-delà du chenal de navigation, explique le porte-parole de la Défense nationale, M. Denis Sanschagrin. Cela a toutefois permis de découvrir que la zone de tir du CEEM a déjà été plus grande.

Jusqu'à présent, le ministère peut déjà affirmer qu'aucun obus n'a été tiré dans la baie d'Yamachiche, toutefois, la puissance des tirs n'étant pas calibrée à cet effet. «Cette pratique n'a plus eu lieu dans les années 1960», précise M. Sanschagrin.

 

Veille technologique

Cette nouvelle information arrive au moment ou la Défense nationale annonce qu'elle a reçu des offres de plusieurs entreprises, tant canadiennes qu'étrangères, a la suite de la publication de sa lettre d'intérêt, en 2002, dans laquelle elle se disait a la recherche d'une technologie qui permettrait de repérer les obus qui dorment au fond de I'eau depuis 50 ans dans le but de les retirer du lac Saint-Pierre.

Une entreprise canadienne a récemment propose un technologie qui permettrait de caractériser la forme des objets qui dorment au fond de l'eau. M. Sanschagrin explique qu'il faudra étudier la proposition plus a fond car les conditions dans lesquelles cette technologie sera employée seront difficiles: une eau trouble qui circule vite, un fond de sédiments et des algues a profusion.

<<Nous avons aussi repère une technologie américaine par résonance magnétique nucléaire qui permettrait non seulement d'identifier les projectiles mais aussi de savoir s'ils sont encore explosifs>>, explique M. Sanschagrin qui se montre toutefois prudent sur l'issue de cette découverte.

Dans tous les cas, les systèmes en question devront être robotises pour assurer le maximum de sécurité aux équipes d'intervention. « Quoi qu'il en soit, nous sommes toujours en veille technologique>>, dit-il. Bref, la partie est loin d'être gagnée car trouver la technologie est une chose, mais être capable de la payer pour réaliser le projet en est une toute autre.

Dragage de la riviere Nicolet

D'autre part, le ministère de la Défense nationale s'est engage a payer les frais qui seront encourus par la découverte potentielle d'obus lors du dragage de la rivière Nicolet qui devrait se faire au tours de la raison prochaine.

C'est la ville de Nicolet qui sera maitre-d'oeuvre des travaux mais la Défense nationale s'assurera que 1'entreprise engagée par la municipalité rencontre certaines exigences. Le ministère mettra aussi en place des mécanismes de surveillance car les risque sont énormes, fait valoir M. Sanschagrin. Une entente sera soumise a la ville prochainement.

Il pourrait ne pas y avoir une telle implication du côté du dragage du chenal Tardif, toutefois, car ce dernier n'est pas balise et n'est pas emprunte par les plaisanciers comme la rivière Nicolet, explique M. Sanschagrin. C'est pourquoi la Défense nationale West pas certaine de s'impliquer de ce côté.

La chenal Tardif fait partie de la zone de tir. Rappelons que quelque 300 000 obus gisent présentement au fond du lac  Saint-Pierre.

Environnement Canada est toujours a étudier la faune et la flore et l'impact potentiel sur ces dernières du retrait des obus. Cette étude pourra servir a d'autres organismes, éventuellement. La Coopérative de solidarité de la réserve mondiale de la Biosphère du lac Saint-Pierre s'y intéresse de près, signale le président du Comite de vigilance du lac Saint-Pierre, M. Pierre Ferron.

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