Le Nouvelliste 5 juillet 2003

L'agriculture biologique connaît un accroissement annuel d'environ 20% depuis quelques années.

Parallèlement, on voit naître, même dans notre région, un mouvement appelé Agriculture soutenue par la communauté (ASC). Ce mouvement permet de faciliter l'approvisionnement aux consommateurs et assure un meilleur soutien aux producteurs.

Ceux et celles qui désirent manger «bio», c'est-à-dire qui recherchent des aliments produits sans pesticides et sans engrais chimiques, ont en effet de la difficulté à s'approvisionner et, surtout, à le faire à des prix raisonnables.

L'ASC est donc en train de faire naître un véritable monde «underground» de l'alimentation. Les clients de certaines fermes biologiques n'achètent plus leur viande et leurs légumes dans les grandes chaînes. Ils deviennent «partenaires», donc clients directs, de la ferme et acceptent de partager financièrement avec elle certains risques reliés au climat et aux nuisances de la production.

La ferme Campanipol de Sainte-Geneviève-de-Batiscan est un exemple réputé de cette formule en Mauricie.

Les clients s'y inscrivent en début de saison et fournissent alors un montant de base à même lequel la ferme débitera à chaque semaine le prix du panier de légumes hebdomadaire qui leur sera livré.

Les clients ne choisissent pas, en général, ce que contiendra leur panier de légumes mais ils ont quand même droit de faire quelques demandes spéciales en moins ou en plus. Bref, ils doivent composer avec ce que Mère Nature fournit à chaque saison.

En contrepartie, cette entreprise maraîchère, du fait qu'elle est biologique, se doit d'être très diversifiée dans sa production. Le partenaire peut donc s'attendre à recevoir environ 70 variétés de légumes , petits fruits et fines herbes dans ses paniers au fil de la production. Puisqu'ils suivent le rythme de la saison, ils ne peuvent donc pas s'attendre à manger des carottes en juin. Mais les fleurs d'ail, le mesclun et les rabioles, par exemple, occupent une bonne place dans les premiers paniers de la saison. Quelques légumes de serre (tomates, concombres) produits par d'autres entreprises bios de la région viennent aussi enrichir les paniers du printemps.

Le Nouvelliste: Christine Buisson
La ferme Le Crépuscule d'Yamachiche, propriété de Jean-Pierre Clavet, fait aussi partie du réseau d'Agriculture soutenue par la communauté.

La ferme Le Crépuscule d'Yamachiche, productrice de viandes biologiques variées, fait elle aussi partie du réseau d'Agriculture soutenue par la communauté. Tout comme pour les clients de Campanipol, Le Crépuscule a établi une série de points de chute dans la région et même à l'extérieur de la ville où les livraisons de viande certifiée biologique se font de manière périodique, selon la demande des clients. Dans cette entreprise, on peut être client ou devenir partenaire.

Plus d'une quinzaine de fermes de la Mauricie et du Centre-du-Québec font partie du réseau de l'ASC.

Coordonnée par le réseau Équiterre au Québec, cette formule a été mise sur pied en 1996 avec la participation de sept fermes des environs de Montréal.

Aujourd'hui, le réseau compte près de 70 fermes aux quatre coins du Québec qui nourissent pas moins de 10 000 personnes.

Pour faire partie du réseau, les fermes doivent être certifiées biologiques par un organisme de certification reconnu par le Conseil d'accréditation du Québec. Il doit s'agir de produits locaux; il doit aussi y avoir un engagement financier des partenaires (i.e. clients) tôt en saison et l'aspect social des projets doit donner la chance aux consommateurs de mieux connaître leur ferme « de famille».

À la ferme Campanipol, par exemple, les partenaires sont invités à quelques reprises à venir au champ pour cueillir des fraises ou faire des travaux simples tout en profitant de la situation pour faire un pique-nique en famille et découvrir les valeurs de la vie en milieu agricole à la façon « bio».

Le monde «underground» de l'alimentation