Le Nouvelliste 8 avril 2003

Un bleuet, une tarte... à Yamachiche!

BRIGITTE TRAHAN
Yamachiche

Les gens du Lac-Saint-Jean auront beau dire ce qu'ils veulent, leur fameux slogan: «Un bleuet, une tarte», ne tient pas la route. Parlez-en à Gilles Garceau, producteur maraîcher d'Yamachiche.

En 1988, c'est avec les bleuets indigènes du Lac-Saint-Jean qu'il a failli démarrer sa production. Une âme charitable l'a plutôt aiguillé vers les bleuets en corymbe et des variétés qui poussent grosses comme le pouce.

Un bleuet une tarte, c'est donc ici, à la Bleuetière Grande Rivière d'Yamachiche, que ça se passe. «Les bleuets indigènes du Lac-Saint-Jean sont beaucoup plus petits que les autres», assure le producteur qui cultive six variétés de ces délicieux petits fruits sur ses terres.

Les clients semblent d'accord avec lui, en tous cas. Quand les bleuets sont prêts, en août, jusqu'à 350 voitures se retrouvent chez lui et près de 1000 cueilleurs envahissent son champ.

Gilles Garceau a passé sa vie dans la production maraîchère. Engagé sur une terre en 1961 après avoir travaillé dans la construction comme électricien, il décide de démarrer sa propre entreprise agricole en 1969, fort de ses années d'expérience.

Il réussit donc à trouver le coin idéal, sur une terre de sable propice aux bleuets à Yamachiche. Mais la ferme qui l'intéresse est à l'abandon. Tout est à rebâtir. Mais que de chemin parcouru, depuis.

Il se plaît à rappeler que sa carrière de maraîcher, à cet endroit, consiste aujourd'hui en 33 saisons de production de tabac (qu'il vendait à Benson & Hedges), 18 saisons d'asperges et une dizaine de saisons de bleuets.

«C'est avec ça qu'on a réussi à faire notre vie et à élever nos cinq enfants», raconte son épouse et fidèle collaboratrice, Gisèle Paquette.

Le bleuet a fini par prendre complètement la relève des autres cultures. Il fallait, en effet, remplacer la culture du tabac lorsque les gens ont commencé à cesser de fumer, dit-il « et les bleuets m'ont toujours fasciné», ajoute-t-il.

 


LE NOUVELLISTE, STÉPHANE LESSARD

Gilles Garceau et son épouse et collaboratrice, Gisèle Paquette.

Il les a découverts au fil de nombreux voyages au Lac-Saint-Jean, dans les années 1970, avec son épouse. Il n'aurait jamais cru alors qu'en 1990, il ouvrirait ses terres au grand public pour l'inviter à venir les cueillir.

C'est un petit fruit bien pratique, dit-il. Bien qu'il existe des milliers de recettes pour l'apprêter, sa congélation ne nécessite pas de sucre ou autres préparations, contrairement à la plupart des autres fruits.

M. Garceau a fait lui même la production de la plupart de ses plants par boutures dans une serre. Aujourd'hui, il compte 25 600 arbustes répartis sur plus de 28 acres de terre. Il faut environ cinq à six ans pour qu'un plant de bleuets atteigne sa maturité et donne son meilleur rendement.

Tout comme pour les différentes variétés de pommes, les variétés de bleuets ont chacune leurs adeptes qui, choisissent selon les subtiles différences de goûts et les diverses grosseurs.

Soucieux de l'environnement, M. Garceau fait faire des analyses de sol régulièrement afin de savoir où mettre les engrais nécessaires et dans quelles proportions afin d'avoir les meilleurs rendements possibles sans en mettre inutilement.

M. Garceau a peu d'espoir de trouver de la relève pour sa plantation, mais il entend continuer tant que la santé lui permettra de cultiver ses chers bleuets.


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