Le Nouvelliste 23 novembre 2002

L'ex-foyer Ernest-Jacob sera démoli

Le maire de Yamachiche souhaite livrer une dernière bataille


Marie-Josée Montminy

Le directeur général du Centre de santé de la MRC de Maskinongé, Yves Martin, a annoncé hier matin que l'immeuble qui abritait jadis le foyer Ernest-Jacob, à Yamachiche, serait démantelé. Mais le maire de la municipalité, Michel Isabelle, n'entend pas laisser le pic des démolisseurs s'activer avant d'avoir mené une dernière croisade.

«M. Martin s'agite! On n'est pas rendus là. Je crois qu'il y a encore place à l'optimisme réaliste», considère le maire de Yamachiche. À la suite d'une réunion tenue mardi dernier, le conseil d'administration du Centre de santé de la MRC de Maskinongé (CSMM) a décidé de se défaire une fois pour toutes de l'édifice qui a abrité les aînés de Yamachiche jusqu'en septembre 2000.

Malgré le tollé provoqué dans la communauté à la suite de la décision de fermer le foyer, les derniers résidants ont été transférés à la Résidence Avellin-Denoncourt de Louiseville. Depuis, la bâtisse de Yamachiche demeure inoccupée. Le CSMM a rejeté la seule offre d'achat qui lui avait été soumise à la suite d'un appel d'offre publié par la Régie régionale de la santé et des services sociaux en octobre dernier.


LE NOUVELLISTE, STÉPHANE LESSARD

L'ancien foyer Ernest-Jacob, de Yamachiche, sera démoli. C'est du moins ce qu'a décidé le conseil d'administration du Centre de santé de la MRC de Maskinongé. Mais le maire de Yamachiche n'entend pas laisser faire les choses sans tenter d'autres démarches.

L'organisme Habitations populaires du Québec a formulé une offre d'achat au montant de un dollar. Le projet promu visait à réaménager la bâtisse pour y louer des logements destinés aux personnes à faible revenu, et d'autres appartements soumis aux prix du marché.

Mais comme l'offre était conditionnelle notamment à l'obtention de subventions dans le cadre du programme Accès-logis, le CSMM s'est vu dans l'obligation de la rejeter. Le directeur du CSMM explique. que «toute offre conditionnelle ou restrictive de la part d'un soumissionnaire entraînait automatiquement le rejet de cette offre».

«Une telle exigence n'est ni abusive ni anormale, puisque les directives gouvernementales demandent qu'elle soit posée et respectée lorsqu'il y a disposition d'édifices gouvernementaux excédentaires», ajoute-t-il.

Le maire de Yamachiche, lui, ne croit pas justifié le rejet de cette offre d'achat. « On aurait pu s'attendre de la part de M. Martin à un peu plus de conscience sociale et de professionnalisme. On lui demande un délai. Ce ne sont pas quelques mois de plus qui vont faire une si grosse différence», affirme M. Isabelle.

Celui-ci indique par ailleurs qu'un partenaire sérieux s'est manifesté lundi dernier, à la suite de la publication des intentions d'Habitations populaires du Québec. M. Isabelle a discuté avec le député Rémi Désilets, hier, pour solliciter sa collaboration dans des démarches de sensibilisation des instances décisionnelles supérieures au CSMM.

M. Isabelle est prêt à se rendre jusqu'au ministre de la Santé pour tenter de convaincre le gouvernement de laisser un peu de temps au projet qui a été proposé. «La décision appartient-elle au ministre ou à ses fonctionnaires?», demande le maire de Yamachiche.

M. Isabelle rappelle qu'un processus de démolition d'édifice nécessite plusieurs démarches qui s'étendent sur une assez longue période. Donc, selon lui, il n'en coûterait pas tellement plus cher de laisser le temps à Habitations populaires du Québec de remplir les critères conditionnels à l'achat de l'édifice.

«On ne peut pas rationnellement jeter des choux gras de cette nature», tranché M. Isabelle, qui s'est toujours opposé à la fermeture du foyer, pour ensuite militer, pour le maintien d'une vocation semblable dans l'édifice déserté.

Un projet de relance avait été suggéré avant même que ses pensionnaires ne soient déménagés à Louiseville. Mais le dépôt du dossier devant le conseil municipal n'avait pas eu de suites. « Un projet de centre communautaire pour aînés a dû être abandonné compte tenu de l'absence d'engagement manifesté par la municipalité de Yamachihe», peut-on lire dans le communiqué mis par le CSMM hier.

Le maire de Yamachiche indique due l'engagement financier requis pour la réalisation du projet était trop important à absorber pour la municipalié. Celle-ci était entre autres responsable de l'hypothèque de 535 000 $. De nouvelles dispositions font que maintenant, ce montant pourrait être absorbé par le gouvernement québécois.

«Et peut-être qu'on a été naïfs. peut-être qu'on a eu tort, mais personne ne croyait à la fermeture du foyer», partage M. Isabelle, en rappelant que le projet de relance a été échafaudé alors que le foyer était encore habité et qu'on avait foi en son sauvetage.

Michel Isabelle aurait une solution à proposer aux instances gouvernementales. II estime à 70 000 $ le coût de la démolition. Comme le démantèlement serait aux frais du gouvernement et non à ceux du Centre de santé de la MRC de Maskinongé, M. Isabelle suggère de façon utopique que cet argent soit remis à Habitations populaire du Québec, dont le projet dépend d'une subvention d'Accès-logis.

Plus sérieusement, le maire souhaite seulement que le projet continue de cheminer. « On va voir ce que le ministre en sait. On a suffisamment d'argument pour justifier d'avoir un délà d'action», conclut-il.


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