Le Nouvelliste 26 août 2002
RICHARD BIRON
Yamachiche
S'il est un monde encore masculin, c'est bien
celui de l'agriculture. Pour encourager le public à briser cette idée:
d'un univers unisexe, le Syndicat des agricultrices de la Mauricie , qui
fête cette année sa quinzième année d'existence, tenait samedi soir
son gala annuel. À l'occasion, l'agricultrice de l'année ainsi que
l'agricultrice passion ont été honorées au restaurant La porte de la
Mauricie, à Yamachiche. L'agricultrice de l'année a été choisie pour son rayonnement dans le milieu. Quant à l'agricultrice passion, il s'agit davantage d'une personne qui travaille dans l'ombre sur une ferme. «C'est une femme d'affaires qui s'implique dans la prise de décisions. Ce n'es pas seulement une personne qui trait des vaches», souligne Carole Durand, présidente du Syndicat des agricultrices de la Mauricie. Le travail de Jocelyne Ébacher, l'agricultrice passion de cette année, ne pouvait être passé sous silence. Mme Ébacher est actionnaire majoritaire de la ferme Davijo, une exploitation spécialisée dans l'élevage des poulets. Son mari détient les parts restantes de l'entreprise, en plus de posséder en partie la ferme laitière et céréalière Jodani, dont Mme Ébacher est l'actionnaire minoritaire. Adjacentes, les deux entreprises sont toutes deux situées à Yamachiche. Les activités quotidiennes de Mme Ébacher lui font régulièrement constater à quel point la gent féminine a encore beaucoup de chemin à parcourir pour éviter certains préjugés sexistes du milieu. «Lorsque des gens souhaitent parler au propriétaire de la ferme, je leur réponds que je suis une des propriétaires. Ils demandent à parler à l'autre», témoigne-t-elle. |
De gauche à droite, on retrouve l'agricultrice de l'année, Mme Claire Galarneau, la présidente du Syndicat des agricultrices de la Mauricie, Mme Carole Durand, et l'agricultrice passion, Mme Jocelyne Ébacher. |
Un tel scénario n'est pas inconnu à
Claire Galarneau, sacrée agricultrice de l'année samedi soir. «Lorsque je fais
affaire avec des fournisseurs, il arrive qu'ils demandent à parler au
propriétaire», explique la mère de trois enfants, dont la plus vieille fille
s'intéresse aux métiers de la ferme. Mme Galarneau, qui possède la ferme porcine
Milany de Saint-Maurice, insiste d'ailleurs sur l'importance de préparer une
relève féminine.
Mme Galarneau a élevé ses trois enfants tout en travaillant. Au milieu des années 80, elle a oeuvré en vue de l'obtention d'une bourse de 15 000 $ décernée aux femmes qui s'associaient avec leur mari ou qui achetaient elles mêmes une ferme. Pour l'obtenir, elle a notamment dû suivre une série de cours du soir ou par correspondance.
«Depuis quelques années, les femmes ont pris de la place en agriculture, mais il reste encore du chemin à parcourir», opine-t-elle. Un tel sentiment est partagé par Mme Ébacher, qui considère que certains secteurs sont plus ouverts que d'autres aux agricultrices. «C'est surtout le cas en aviculture, où plusieurs femmes possèdent déjà leur propre bâtisse, note-t-elle. Dans ce domaine, le travail ne se fait pas avec des gros animaux. C'est plutôt un travail d'observation des oiseaux.»
Samedi soir, ces
deux agricultrices ont été sélectionnées parmi cinq candidates représentant
différents syndicats de base locaux. L'agricultrice de l'année se trouve
automatiquement en nomination pour le titre provincial, qui sera décerné
ultérieurement au Gala Saturn.
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