Le Nouvelliste 2 mai 2002

MENSUEL AFFAIRES
                              

La compagnie Thomas Bellemare:
d'une génération à l'autre

Cette histoire à succès familiale a pris naissance à Yamachiche


Marc Rochette
Yamachiche

Né a Yamachiche en 1901, Thomas Bellemare a suivi les traces de son père, Nérée, qui, en plus d'être cultivateur, déplaçait et levait des maisons, faisait de l'excavation, du coffrage et du béton. Et c'est avec son épouse Florence que l'entreprise de construction et d'excavation devait prendre forme.

Aujourd'hui, son petit-fils François fait partie de la troisième génération de dirigeants de la compagnie Thomas Bellemare Ltée qui affiche un chiffre d'affaires de près de 20 millions de dollars, possède 350 unités licenciées à la Régie de l'assurance automobile du Québec et compte plus de 180 employés.

En 1959, le profil professionnel de la famille se dessinait comme suit: l'aîné de la famille, Gilles, était mécanicien; le second, Luc, avait suivi des cours à l'école technique; Raymond terminait son cours en menuiserie et Normand étudiait à l'école normale. Quant à Maurice, Lise et Lina, ils fréquentaient encore l'école primaire.

Désirant supporter les efforts de leurs parents dans le développement de la compagnie qui tentait de naître, les trois plus âgés décidèrent de s'impliquer dans les affaires familiales.

«C'est donc dans ces circonstances que Gilles, Raymond et Luc fondèrent la compagnie Thomas Bellemare Ltée et Mauricie s'est joint à l'équipe quelques années plus tard comme habile opérateur de machineries lourdes», se plaît à raconter le fils de Raymond.


Image-média Mauricie: François Gervais

M. François Bellemare fait partie de la troisième génération de dirigeants de la compagnie Thomas Bellemare Ltée.
 

La structure divisionnaire commençait déjà à prendre forme. Les nouveaux partenaires construisirent une station d'essence à Yamachiche sous la bannière BA. En plus, ils offraient un service quotidien de mécanique dirigé par Gilles. Et pour diversifier les services, ils devinrent distributeur de l'agence John Deere.

Si Luc s'occupait des opérations courantes des différents secteurs de l'entreprise, Raymond continua ce que son père et son grand-père avaient entrepris, soit la construction de maisons et l'exécution de différents travaux de génie et de voiries.

Thomas Bellemare Ltée poursuit alors son ascension à une vitesse de croisière fulgurante.

Puisque les différents travaux de génie nécessitaient des quantités impressionnantes de béton,Thomas Bellemare Ltée se porta acquéreur, dans les années 60, du plan de béton de Louiseville, Ciment Maski. La compétition étant de plus en plus féroce dans ce domaine, tous les efforts furent concentrés sur le développement de l'usine récemment acheté.

Les contrats obtenus et l'arrivée des porcheries, la construction des ponts et des viaducs sur l'autoroute 40, le «boom» de la construction résidentielle et la venue de nombreuses industries mobilisèrent une grande partie des employés de la compagnie et permirent à cette dernière de s'approprier une grande part du marché de la construction.

Par l'arrivée des projets d'envergure d'Hydro-Québec à la Baie James, Thomas Bellemare Ltée vit une occasion rêvée de faire son entrée sur la scène provinciale. L'obtention par voie de soumission de contrats de location de machinerie lourde permit l'achat de plusieurs pelles hydrauliques. «La compagnie venait de tailler sa place sur le marché de la location d'équipements lourds», souligne François Bellemare.

À partir de ce moment, des décisions administratives importantes furent prises concernant les orientations de la compagnie. C'est ainsi que cette dernière se départit de la concession John Deere et de la bannière BA. Elle concentra plutôt ses efforts dans le développement de l'industrie du béton, la location de machinerie lourde et l'entretien des chemins d'hiver.

D'ailleurs, fait à noter, Thomas fut le premier en 1952 à déneiger les rues de la petite municipalité de Yamachiche. Par la suite, l'entreprise continua année après année d'entretenir les routes durant la saison hivernale. «Ces contrats assuraient ainsi la survie de l'entreprise pendant l'hiver et permettaient aux employés de conserver leur emploi», fait remarquer la direction.

Progressivement, la compagnie étendit son territoire de déneigement. Elle fut la première à déneiger le stationnement du centre commercial de Trois-RivièresOuest et, pendant de nombreuses années, elle s'est vue confier le contrat de déneigement des rues de cette ville.

Les frères Bellemare ont vite compris que pour continuer à faire progresser les affaires, il fallait songer à investir dans de plus grands centres comme TroisRivières.

C'est ainsi qu'en 1972, un second plan de béton fut construit dans la zone industrielle de Trois-RivièresOuest et que deux ans plus tard, on procéda à la modernisation de l'usine de béton de Louiseville.

En 1978, l'entreprise devint actionnaire de la compagnie Laurentide Readymix qui possédait trois usines de béton dans la région mauricienne. Et pour alimenter celle-ci en sable, la compagnie fit l'acquisition de Sable des Forges qu'elle continue d'exploiter encore aujourd'hui. Plusieurs autres sablières et carrières furent achetées dans la région afin de minimiser les coûts de production des usines de béton et de rentabiliser la compagnie.

En 1985, une autre opportunité se présenta lorsque le directeur actuel de la division grues, Renaud Côté, proposa aux Bellemare de créer cette même division en mettant à leur disposition son expérience et ses talents de grutier. La famille analysa la proposition et décida d'aller de l'avant avec ce projet. En 1986, la division grues vit le jour et depuis ce temps, elle ne cesse de grandir.

En 1992, des efforts considérables, du temps et de l'énergie ont dû être déployés afin d'obtenir un permis du ministère de l'Environnement pour l'enfouissement de matériaux secs à la sablière des Forges. De fait, les administrateurs avaient trouvé une double exploitation de cette dernière, soit d'y en extraire la matière première et d'y emplir les cavités par des matériaux secs.

«On offrait ainsi un nouveau service à la population et on rentabilisait encore un peu plus l'entreprise», rappelle Paul Gélinas, aux Ressources humaines.

Les années 90 marquèrent l'arrivée de la troisième génération au sein des administrateurs de la compagnie. JeanLuc, fils de Luc, déploya tous ses efforts à moderniser le transport, à en changer la vocation, à s'impliquer dans le transport spécialisé et à rentabiliser cette division. Avec une quarantaine de tracteurs,Thomas Bellemare Ltée est présent un peu partout au Canada et aux États-Unis.

Pour leur part, les fils de Gilles, Serge et Tom, ont opté pour les divisions sables et béton. «Ils sont tous deux fonceurs et leur division s'en porte bien», assure M. Gélinas.

De son côté, François Bellemare se spécialise dans la machinerie lourde, les projets d'envergure et la finalisation des soumissions d'importance.

«En 1959,Thomas Bellemare légua ses actions à ses quatre fils et aujourd'hui, les enfants de ces derniers dirigent l'entreprise avec succès», conclut M. Gélinas.

 

L'année 1997 fut une année marquante

Meme si l'année 1997 fut un point tournant pour l'entrepriseThomas Bellemare Ltée avec le décès de l'un des fils du fondateur, Raymond, la compagnie a non seulement bien géré la passation des pouvoirs à la troisième génération, mais le chiffre d'affaires a pratiquement doublé au cours des cinq dernières années.

«Mon père occupait une place importante et influente dans la gestion des affaires internes et, à cette époque, mes cousins et moi occupions des postes de directeur dans les différentes divisions bien que nous oeuvrions dans l'entreprise depuis plusieurs années», confie François Bellemare.

Cet événement provoqua néanmoins une réorganisation majeure de la gestion de l'entreprise. De postes de directeurs, les petitsenfants du fondateur devenaient des administrateurs. «Et ce, non seulement par les nouvelles actions acquises, mais également par la répartition des tâches que mon père s'occupaient», poursuit-il.

La passation des pouvoirs à une autre génération
représentait un grand défi.


Par ailleurs, celui-ci reconnaît que la passation des pouvoirs à une autre génération représentait un grand défi.

«Des études démontraient que le taux de réussite était bien mince dans une telle situation et le choc des générations risquait de mettre en péril la compagnie»>, témoigne M. Bellemare. «Avec toujours en tête l'esprit familial, les discussions animées et les compromis, l'entreprise développa une grande force de cohésion», renchérit-il.

D'un commun accord entre les générations, le groupe se dota d'une structure de gestion et d'organisation pour que l'entreprise familiale puisse continuer sa progression et ainsi poursuivre le travail et les efforts que les prédécesseurs avaient accomplis.



Image-média Mauricie: François Gervais

Les installations de l'entreprise à Trois-Rivières-Ouest
 

«À partir de ce moment, notre compagnie diversifia encore plus ses services, augmenta de façon considérable son chiffre d'affaires et, de ce fait, fit taire toutes les rumeurs qui vouaient l'entreprise à la fermeture ou à la faillite», se plaît-il à souligner.

Tout en étant très conscient des risques, Thomas Bellemare Ltée, dont le siège social est àYamachiche et les différentes divisions réparties tant dans la région de Louiseville que de Trois-Rivières, ne cesse de développer de nouveaux marchés.

«Cela crée une augmentation importante du volume de ventes et les profits ainsi faits sont presque aussitôt réinvestis», explique François Bellemare.

Au fil des ans, l'entreprise familiale a su s'impliquer au sein de sa communauté dans différents secteurs d'activités comme les Jeux du Québec de Trois-Rivières, le Festival international de l'art vocal et le Petit Monaco de Trois-Rivières.

D'ailleurs, depuis maintenant plus de 25 ans, la compagnie est un fier partenaire du Grand Prix de TroisRivières et du Festival de la galette du sarrasin de Louiseville pour son implication dans la logistique de ces événements.

«En 1983,Thomas Bellemare Ltée fabriqua la plus grosse galette de sarrasin au monde, soit 100 pieds carrés, laquelle est répertoriée dans le livre des records Guiness», s'amuse à rappeler Paul Gélinas, responsable des Ressources humaines.

Les efforts soutenus des administrateurs ont été reconnus à plusieurs reprises. Entre autres, en 1997-1998, l'Association de la Construction du Québec, région Mauricie-Bois-FrancsLanaudière, décernait à l'entreprise une note de grand prestige, soit le trophée Construire..

En l'an 2000, elle se classait la 63e entreprise en importance dans l'industrie de la construction au Québec et, cette année, la Chambre de commerce de TroisRivières en a fait l'entreprise à succès de 2002 en région.

Parmi ses réalisations dans le béton, on peut souligner la bibliothèque de TroisRivières, le garage municipal de TroisRivières-Ouest, le magasin Canadian Tire de Cap-de-laMadeleine,l'aréna deTroisRivièresOuest et le bureau administratif du Parc industriel de Bécancour.

Si sa division «transport» a été marquée, entre autres, par le transport de portes de barrages hydroélectriques dans l'Ouest canadien, la division «grue» a été active dans la réfection de barrages, la ligne de tour de La Tuque à Grondines et le bassin d'épuration des eaux aux usines Kruger et Smurfit-Stone, pour ne nommer que ces exemples-là.

En plus de fournir du sable pour plusieurs fonderies et compagnies papetières, Thomas Bellemare Ltée affiche finalement une feuille de route intéressante en matière d'excavation: construction de bassins des eaux de rétention de TroisRivières-Ouest, participation à l'agrandissement du CHRTR, entretien de chemins d'hiver, implication aux barrages de Grand-Mère et de la Baië James et construction de plusieurs chemins forestiers.

 

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