L'Écho 17 mars 2002
                              

Usine de filtration de 11 millions $ à Sainte-Angèle-de-Prémont ?




Jean-Paul Plante


Les municipalités membres de la Régie d'Aqueduc de Grand Pré devront se pencher sérieusement sur la situation d'approvisionnement en eau potable sur le territoire desservi par la Régie.

Une rencontre à cet effet a été tenue récemment, en présence d'un hydrogéologue, d'ingénieurs de la firme Pluritec, d'un représentant du ministère de l'Environnement et de la Faune du Québec (Menviq) et de membres de toutes les municipalités membres de la Régie
 

CES PERSONNES ONT ÉTÉ QUESTIONNÉES à maintes reprises lors de la réunion sur l'avenir de la Régie d'Aqueduc de Grand Pré. Dans l'ordre, MM. André Laforest, hydrogéologue; Roland Pelletier, président de la Régie; Serge Grenier du ministère de l'Environnement et de la Faune; Pierre Bellavance, Sylvain Bérubé et Normand Lefebvre, tous de la firme d'ingénieurs-conseils Pluritec.

Inquiétude

Le problème auquel doivent faire face les municipalités membres de la Régie est qu'il n'y a plus autant d'eau qu'on le croyait dans les nappes que la Régie exploite. En période de sécheresse, on s'expose à manquer d'eau et cette situation n'est pas sans inquiéter les municipalités et la Régie comme tel.

D'ailleurs, les élus se sont exprimés clairement sur la situation qui, pour être corrigée, pourrait aller jusqu'à la construction d'une usine de filtration à Sainte-Angèle-de-Prémont, un projet dont le coût pourrait dépasser les 11 millions de dollars.

Commentaires et réactions

Les explications fournies par l'hydrogéologue, les ingénieurs de Pluritec et le représentant du ministère de l'Environnement et de la Faune ont suscité de nombreux commentaires et réactions chez les élus présents dans la salle.

La mairesse Jocelyne Elliott-Leblanc de Louiseville a proposé la construction de réservoirs beaucoup plus grands pour emmagasiner l'eau. "Le projet de 10 millions $ (plutôt 11) n'a pas de bon sens. Les gens vont fuir nos régions parce que c'est trop cher," a-t-elle dit.

Pour sa part, le représentant d'Yamachiche à la Régie, le conseiller Réal Girardin, s'est dit d'avis qu'avec une usine de filtration, on aurait un prix stable, contrairement à des installations de ré-infiltration d'eau qui seraient, selon lui, plus ou moins fiables. "Faut s'aligner tout de suite parce qu'on n'a pas autant d'eau que cela," de dire M. Girardin.

Le conseiller Roger Michaud de Maskinongé a déclaré avoir appris, avec le temps, que l'hydrogéologie "n'est pas une science exacte." "Il y a du gaspillage d'eau à la Régie. Pourquoi ne pas installer des compteurs pour tout le monde. Ce serait la première chose à faire avant quoi que ce soit," a déclaré M. Michaud.

Pour sa part, selon le maire Denis Chrétien de Sainte-Ursule, "On devrait se coller à la réalité. On se rend compte que nos nappes baissent. Qu'on essaie le processus d'infiltration d'abord (eau de la rivière Maskinongé infiltré dans certaines nappes existantes) et on verra plus tard si une usine de filtration est nécessaire," de dire M. Chrétien. Les coûts moindres de ce processus le faisaient pencher pour cette solution.

Le maire Michel Isabelle d'Yamachiche a fait état des précipitations moindres des dernières années pour expliquer le niveau des nappes existantes.

Le conseiller Michaud a demandé si l'on avait des chiffres comparatif depuis l'exploitation de la source du Sapin Vert. On a répondu à cette question que cela a aidé mais que ce n'est pas encore suffisant.

Le maire Roland Pelletier de Saint-Léon-le-Grand, également président de la Régie, a renchéri en disant : "La nappe du Sapin Vert a été surexploitée."

Le maire Chrétien a ajouté que selon lui, le processus d'infiltration est plus naturel que celui de la filtration..

Les commentaires ont été nombreux mais tous les intervenants s'entendaient pour dire qu'il économiser l'eau et ce, le plus rapidement possible, avec la pose de compteurs.

Le maire Boulay de Saint-Justin a fait dit : "On s'est fié à ce qu'on nous a dit au début mais les puits ne donnent pas le débit qu'on nous avait prédit au début."

Par ailleurs, on a fait mention que des puits étaient inexploités parce qu'ils contenaient trop de manganèse et de fer.

Les gens veulent savoir combien ça va coûter, disait-on dans la salle. Le représentant du ministère de l'environnement a invité les élus "à prendre une décision sur un ensemble et non seulement sur un coût". Le maire Denis Chrétien a alors fait mention que l'usine de filtration pourrait être la solution retenue "mais seulement si on ne peut pas s'en passer".

La mairesse Jocelyne Elliott-Leblanc a lancé : "Ça m'inquiète d'aller vers de l'inconnu. Faut prendre la bonne décision. Nous, à Louiseville, on n'en peut plus. On ne sera plus capable de payer car notre dette à la régie est de 6 millions $. Faisons les vrais choix tout de suite," de dire la mairesse.

Le maire Bertrand Boulay a fait remarquer que le gouvernement subventionne pour la qualité de l'eau et pas pour la quantité.

Le conseiller Roger Michaud y est allé d'une question qui n'a pas eu l'heur de plaire à l'ensemble des élus. "On a assez d'eau à Maskinongé. Pourrions-nous nous retirer de la Régie?" La réponse a été oui mais à certaines conditions, dont celle de payer ses dettes.

Bref, une rencontre où les chiffres, les échéanciers et les opinions ont été largement véhiculés.

Reste maintenant aux élus d'étudier de plus près les propositions apportées et à prendre, le moment voulu, la meilleure décision afin que les municipalités desservies par la Régie aient de l'eau en quantité suffisante, au meilleur prix possible.

 

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