Le Nouvelliste 8 janvier
2002
BRIGITTE TRAHAN
Yamachiche
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Le Nouvelliste, Alain Bédard |
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Au centre de tri du Groupe RCM d'Yamachiche, le papier occupe la plus importante position, tant en quantité récupérée que sur les marchés. | |
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Le directeur général du Groupe RCM d'Yamachiche, M. Michel Camirand, se souvient du bon temps où le carton avait atteint le prix record de 330 $ la tonne.
Quatre gros cargos asiatiques étaient
ancrés au Québec pour venir chercher des tonnes et des tonnes de carton. À cause
des coûts associés au transport, il fallait les remplir vite et ces gens étaient
prêt à payer le gros prix... comptant. Aujourd'hui, toutefois, le carton ne vaut
plus que 75 $ la tonne.
C'est à ce jeu de montagnes russes que le petit monde de la récupération est
condamné. "On est dans un marché boursier", explique M. Camirand, "et
présentement, il est baissier."
Les prix fluctuent en fonction des marchés nord-américains. Par exemple,
présentement, le verre ne vaut strictement rien, illustre-t-il. "Nous ne
demandons pas aux citoyens d'arrêter d'en mettre dans leur bac bleu parce qu'à
un moment donné, il se peut que de nouveaux débouchés soient créés. C'est
pourquoi les matières qui ne se vendent pas ne sont pas jetées mais plutôt
entreposées. "Nous avons, pour cela, une bonne collaboration avec le Centre de
tri Gaudreau de Victoriaville. Il dispose de grands terrains où nous pouvons
entreposer le verre", raconte-t-il.
Les matières plastiques valent parfois jusqu'à 150 $ la tonne. À d'autres
moments, non seulement elles ne valent rien, mais lorsque le prix des matières
chute, les récupérateurs doivent... payer pour récupérer.
"Présentement, les matières plastiques de qualités 3, 4 et 5 valent 40 $ la
tonne. C'est le prix qu'il nous en coûte pour les trier", explique M. Camirand.
Il faut en effet considérer le coût du transport des matières et le salaire des
employés avant de parler profit. Quand la matière ne vaut rien ou presque rien,
les centres de tri comme RCM doivent compter sur autre chose pour vivre.
Cette autre chose, c'est la débrouillardise. Depuis plusieurs années, RCM a su
développer un marché intéressant pour la restauration des embouts de métal des
rouleaux de papier des industries de pâte et papier.
Le centre de tri réutilise aussi le papier journal défectueux qu'elle détaille
en petits rouleaux d'emballage et en feuilles. Ces produits sont destinés à 90%
au marché américain. Ils servent à rembourrer divers produits en vente dans les
magasins de vêtements comme les sacs à main, les bottes et autres. Ce marché de
papier imparfait pour l'industrie de l'impression se chiffre entre 4000 et 5000
tonnes par année pour RCM. Pour la nature, c'est un coup de pouce appréciable
puisqu'une tonne de papier équivaut à 17 arbres.
Depuis les événements du 11 septembre, cette partie du marché de RCM a toutefois
été considérablement ébranlée. "Ça affecte 25% de notre chiffre d'affaires dans
le papier transformé", raconte M. Camirand.
Depuis que le monde municipal a emboité le pas dans la récupération avec les
ré-cubes, en 1994 et avec les bacs, en 1997, les activités de RCM ont beaucoup
augmenté. "Avec l'arrivée de la collecte sélective, nous avons dû injecter 800
000 $ dans la machinerie. On est passé du simple au double en termes de
volumes", raconte Michel Camirand.
Certaines matières, comme l'aluminium, rapportent beaucoup d'argent, presque en
tout temps. Présentement, il vaut 800 $ la tonne. Le problème, c'est qu'à peine
huit tonnes d'aluminium trouvent une place dans le bac de récupération et sont
acheminées chez RCM chaque année.
Nul doute que les matières récupérables les plus abondantes et les plus
profitables pour RCM sont le papier et le carton, surtout depuis que la
Environmental Protection Agency a décrété une norme minimale de contenu en
fibres recyclées dans le papier journal. Le bac de récupération, dans la région,
contient entre 70% et 75% de papier. "Mais en général, le papier et le carton
sont des marchés difficiles qui fonctionnent par cycles.
Nul doute non plus, dans les circonstances, que les récupérateurs, comme RCM,
ont besoin de croire énormément en leur vocation et de faire preuve
d'imagination pour maintenir le cap.
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