Le Nouvelliste 3 septembre 2001

 

Le bio se lance  en affaires

La Ferme Le Crépuscule forme 
une compagnie avec ses clients


Le Nouvelliste Alain Bédard
La
ferme biologique Le Crépuscule de M. Jean-Pierre Clavet est trop petite pour faire face à la demande et trop grosse pour rester petite.

Le propriétaire de la ferme biologique Le Crépuscule M. Jean-Pierre Clavet, a décidé de prendre le taureau par les cornes pour assurer la survie de son entreprise. Il a demandé à ses clients d'y investir.

Le Crépuscule est implantée depuis 10 ans à Yamachiche. Elle est une des rares au Québec à produire de la viande de boeuf, veau et poulet certifiée biologique. Comme la plupart des entreprises bio, elle ne reçoit pas d'aide du gouvernement ou de la Société de crédit agricole. La ferme est donc très endettée.

Ses produits se vendent bien, les ventes sont en croissance constante et M. Clavet n'arrive même plus à répondre à la demande. «On est trop petit pour être gros et trop gros pour rester petit». fait valoir la directrice générale de la ferme, Mme Isabelle Thibodeau.

Puisque la demande est de plus en plus importante, surtout dans le poulet, M. Clavet souhaite construire un deuxième poulailler, acheter un nouveau quota de poulets et faire construire un moulin pour préparer lui-même des moulées à partir de grains certifiés bio, ce qui donnera un second souffle à son entreprise. Le soutien des clients-actionnaires devrait permettre la réalisation de ces projets.

Le poulailler de la Ferme Le Crépuscule est de conception européenne. Les poules y entrent et en sortent à volonté. Un système de ventilation rend l'air du poulailler beaucoup plus respirable que dans un poulailler conventionnel. Il y a des fenêtres tout autour de la bâtisse, ce qui permet aux animaux d'avoir de la lumière. Leur croissance n est pas réglementée comme dans un élevage conventionnel et leur alimentation est faite entièrement à partir de grains certifiés bio. Un poulailler comme celui-là coûte deux fois plus cher que les autres.

Pour faire face aux frais de développement et payer les dettes avec les profits qui seront générés, une quinzaine de clients de la Ferme Le Crépuscule vendus au bio ont donc décidé de former une compagnie et d'y investir, certains 1000 $, d'autres jusqu'à 25 000 $. Ceux qui auront investi le plus auront des actions votantes et participatives mais l'action super-votante continuera d'appartenir à M. Clavet.

Ce n'est pas avant cinq ans que les actionnaires pourront espérer récolter des dividendes, toutefois. «Mais les gens ne l'ont pas fait dans le but de faire de l'argent. Ils l'ont fait parce qu'ils croient au bio. Ils savent que nous faisons une agriculture saine qui protège l'environnement», explique M. Clavet qui a récemment gagné le Phénix de l'environnement.

M. Calvet a eu l'occasion de discuter de sa situation avec le ministre de l'Environnement, M. André Boiclair et souhaite que le gouvernement du Québec s'implique dans le soutien aux producteurs bio tout comme le font l'Allemagne, la Suisse et la Scandinavie, pour n'en citer que quelques uns.

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