Le Nouvelliste 15 juin 2001

BRIGITTE TRAHAN
Louiseville

La décision du gouvernement du Québec d'imposer un moratoire sur l'expansion de la production porcine dans les régions aux prises avec des surplus de fumier a pris tout le monde par surprise, hier, à commencer par l'UPA.

Le président de l'union, M. Laurent Pellerin, est furieux. Il estime que les analyses de l'eau qui ont mené à cette décision sont fausses et n'ont aucune base scientifique. «C'est une catastrophe appréhendée. Le ministre essaie de passer pour un sauveur», dît-il.

M. Pellerin a toutefois pu apprendre qu'il s'agit là d'une mesure intérimaire de quelques mois. «Mais si ça paralyse les producteurs, on va se battre», promet-il. Ça fait 18 mois que l'UPA demande que la liste des municipalités en surproduction de fumier soit publiée afin que des mesures plus contraignantes mais aussi cohérentes et applicables soient imposées, explique M. Pellerin.

Cette nouvelle mesure ne fait pas mal qu'aux producteurs. M. Denis Trahan, président de l'abattoir ATrahan Transformation d'Yamachiche, un joueur majeur dans le secteur de l'abattage du porc au Québec, s'est dit très surpris par la nouvelle hier.

Le Nouvelliste, Alain Bédard

La décision d'imposer un moratoire su l'expansion de la production porcine a pris tout le onde par surprise.

Nous sommes en surcapacité de production et la matière première manque toujours. Nous sommes toujours limités car nous ne pouvons prendre notre porc qu'au Québec, en Ontario et au Manitoba. Aux Etats-Unis, ce n'est pas possible.»

Le porc, dit-il, est en croissance constante au Québec depuis 10 ans «Je suis donc très surpris. Je pense que l'UPA va réagir vivement ajoute M. Trahan.

Dans la région 14 municipalités sont en surplus de fumier dans la MRC de Drummond, de Francheville, de Maskinongé et du Centre-de-la-Mauricie. Les municipalité visées, comme Trois-Rivières, où l'on trouve une porcherie aux Forges, ont appris la nouvelle par les médias, hier. Rien ne laissait présager une telle mesure même dans les milieux municipaux ruraux comme Yamachiche.

Il faut toutefois comprendre que la situation ne commande pas d'intervention municipale.

Pour déterminer qu'il y a surplus de fumier il faut analyser les sols où les producteurs sont autorisés à faire de l'épandage. Chaque producteur de porc détient un certificat l'autorisant à posséder un certain nombre d'unités animales. Si le producteur dépasse le nombre autorisé, il est évidemment aux prises avec une quantité de fumier plus abondante.

Bien que les producteurs, en général, aient trouvé moyen de vendre leur fumier, certains ont réglé la situation en faisant un épandage de fumier plus intense sur les parcelles de terres autorisées. Cependant, cet épandage provoque des taux de phosphore et d'azote anormalement élevés et l'UPA n'a pas l'intention de protéger les fautifs, dit M. Pellerin.

Québec veut s'attaquer aux cheptels illégaux de certains producteurs. Le gouvernement dit avoir reçu des avis alarmants des directions de la santé publique puisque la surfertilisation comporterait un risque pour la santé des gens. Il a toutefois été impossible de corroborer l'information auprès de la Régie régionale de la santé et des services sociaux, hier, le seul porte-parole du dossier étant à l'extérieur pour la journée.

Il semble que la situation de surplus de fumier soit assez répandue actuellement puisqu'ils ont été enregistrés dans 165 municipalités.

Le moratoire du gouvernement ne pouvait toutefois pas tomber plus mal. Le porc est une production qui va très bien au Québec, présentement, surtout dans le contexte de sa rareté occasionnée par l' épizootie de fièvre aphteuse en Europe et en Amérique du Sud. explique M. Réjean Boutin, directeur de la production porcine chez Profidor, une coopérative de Joliette. «C'est un contexte très favorable et nous sommes contents bien que nous ne soyons pas à l'abri de cette situation», dît-il..

Une décision qui fait mal