Le Nouvelliste 13 novembre 2000

Des travaux suspendus à Yamachiche

Des citoyens en colère font reculer le ministère des Transports

Marie-Eve Lafontaine
Yamachiche
Près d'une quarantaine de citoyens en colère ont bloqué le chemin Louis-Gatineau, à Yamachiche, samedi, dans l'espoir de sauver les arbres situés entre cette route et l'autoroute 40. Leur détermination a porté fruit puisqu les travailleurs ont quitté les lieux tandis qu le ministère des Transports décidait de suspendre les travaux jusqu'à nouvel ordre.

Ces résidants, qui habitent en bordure du lac Saint-Pierre, ont constaté avec consternation, samedi matin, que ces arbres étaient en train d'être coupés. «Nous étions des citoyens du lac Saint-Pierre et nous voilà citoyens de l'autoroute. Ça change le décor», critique M. Jean-Yves Marcotte. «Ça n'a pas de bon sens. C'est abominable. On s'arrache le coeur à planter des arbres sur notre terrain, et ceux là, on les enlève», renchérit M. Claude Villemure.

Les résidants affirment que ces arbres permettaient d'assourdir le bruit des voitures qui circulent sur l'autoroute tout en enjolivant le paysage. «C'est écoeurant. On avait une voie paisible bordée de beaux arbres. Maintenant, il n'y en a plus. Cela va prendre une génération avant que ça redevienne comme avant», déplore Mme Pauline Désaulniers. «C'est affreux. C'est un massacre total. On n'aura plus de tranquillité», ajoute Mme Carole Parr.

Plusieurs citoyens ont fait valoir que le lac Saint-Pierre vient d'être décrété Réserve mondiale de la Biosphère de l'Unesco, ce qui devrait inciter le gouvernement, selon eux, à préserver l'environnement dans le secteur. «C'est la voie de desserte pour le lac Saint- Pierre. C'est un site fantastique, mais on enlève des arbres plutôt que d'en mettre. C'est désolant», affirme Mme Désaulniers.


(Alpho Presse:Stéphane Lessard) 
Des résidants de Yamachiche sont très mécontents que des arbres soient 
abattus le long du chemin Louis-Gatineau.

C'est le ministère des Transports qui a commandé ces travaux. Il voulait ainsi nettoyer le fossé qui se trouve à cet endroit dans le but d'améliorer le drainage. Par le fait même, cela permet d'éviter que des branches se retrouvent sur la route. «Dans n'importe quelle construction routière, on ne laisse pas d'arbres sur les talus. Il n'y a pas d'arbres sur des petites dessertes comme celle-là. Ce n'est pas une pratique courante», explique M. Jean-François Saumier.

Ce dernier se dit surpris de la réaction des gens. Il ne croit pas que les arbres situés près de l'autoroute constituent un mur sonore efficace. «La coupe d'arbres ne va pas changer quoi que ce soit au son. Ce n'est pas du bois de qualité», affirme-t'il tout en ajoutant que d'autres arbres se trouvent à l'arrière des maisons.

Les citoyens sont d'autant plus déçus qu'ils affirment qu'on leur avait indiqué qu'il n'y aurait que de simples travaux d'élagage. Ils ne s'attendaient pas du tout à ce que les arbres soient tous coupés. «Il nous avait dit qu'il n'y aurait que de l'émondage et là on se retrouve avec une coupe à blanc», déplore Mme Désaulniers.

Un incident semblable s'était produit il y a quatre ans. Dans ce cas précis, des coupes avaient été faites dans des endroits bien précis afin d'installer un panneau publicitaire. Les travaux avaient été annulés à la suite de la contestation des citoyens.

Cette fois-ci, le ministère assure que la coupe n a rien a voir avec la possibilité que des panneaux soient installés. «La politique du ministère, ce n'est pas d'abattre des arbres. Quand on le fait, c'est pour une question de sécurité. Normalement, ça ne cause pas d'impacts majeurs», assure M. Saulnier. De plus, le ministère affirme qu'il était prévu depuis le début que les arbres allaient être coupés. Il estime que l'imbroglio est attribuable à un problème de communication.

Quant au maire de Yamachiche, M. Michel Isabelle, il espère qu'une solution permettra de satisfaire toutes les parties en cause. «C'est certain que dès qu'on touche aux arbres, à la nature, les gens sont, avec raison, pointilleux là-dessus. Avant que les travaux reprennent, on va chercher un compromis.»

Ce dernier dit comprendre la colère des gens. «Ce sont des arbres sans valeur. Ce sont des trembles. Mais ils ont une grande valeur en ce qui a trait à l'aspect visuel. Il faut comprendre qu'ils sont dans l'emprise du minisitère des Transports, mais je suis certain qu'on va trouver une solution.»

(Alpho Presse:Stéphane Lessard) 
Plusieurs citoyen sont manifesté leur indignation, samedi, sur le chemin Louis-Gatineau. 
On en voit ici quelques-uns en discussion avec un conseiller municipal .             

 

_____________________

(CLIQUEZ ICI POUR FERMER LA FENÊTRE)