Le Nouvelliste 3 octobre 2000

Un projet accueilli avec grande méfiance

Le député Désilets sollicite l'appui financier de la population
 pour relancer le Foyer Ernest-Jacob

 

Brigitte Trahan 
Yamachiche

Le député de Maskinongé, M. Rémi Désilets, a proposé au conseil municipal d'Yamachiche, hier soir, de transformer le défunt Foyer Ernest-Jacob en édifice à logements sociaux pour les personnes en perte d'autonomie.

L'édifice serait entièrement rénové afin d'y aménager 24 logements, dont 22 de trois pièces et demie et deux de quatre pièces et demie. Le projet, estimé à quelque 1,2 million $, contiendrait aussi un volet d'animation communautaire pour les aînés. De cette somme, 776 000 $ seraient défrayés par la Société d'habitation du Québec tandis qu'une part de 175 000 $ serait exigée du milieu.

En plus du conseil municipal qui siégeait hier soir en assemblée régulière, au moins une soixantaine de citoyens de tous âges s'étaient déplacés pour venir prendre connaissance de la proposition.


(Alpha Presse:Alain Bédard)
Le député de Maskinongé, M. Rémi Désilets, est venu 
expliquer son projet au conseil municipal d'Yamachiche, 
hier soir, en compagnie de délégués de la Régie régionale 
de la santé et des services sociaux. Ci-haut, 
le maire d'Yamachiche, Michel Isabelle.

C'est avec énormément de méfiance qu'a été reçue la suggestion du député. Cette méfiance a explosé dès le départ lorsque M. Désilets a expliqué que l'édifice demeurerait public puisqu'il serait administré par un organisme sans but lucratif.

Or, la municipalité a toujours tenu mordicus à ce que le foyer, dans sa vocation future, demeure dans le réseau public, mais pas de la manière dont l'entend M. Désilets. «On ne parle pas de la même chose, ici. Être sans but lucratif, ça veut dire que tu vas quêter sur la rue pour te financer», a fait valoir M. Serge Carbonneau, porte-parole de l'ancien comité de sauvegarde du foyer.

M. Désilets a beau affirmer que le projet est rentable, la méfiance règne au plus haut point au conseil municipal qui ne voudrait pas voir la municipalité prise pour ramasser d'éventuels pots cassés. Le maire Isabelle a toutefois assuré que le conseil allait étudier le dossier avant de dire un non catégorique, estimant qu'il est trop tôt pour juger.

Il a toutefois trouvé très curieux que la municipalité, bafouée jusqu'alors dans ses opinions sur ce dossier, devienne soudainement si importante et soit devenue tout d'un coup un partenaire indispensable pour mener ce projet à terme. Le député Désilets a en effet expliqué que sans l'appui de la communauté, son projet tomberait à l'eau.

Plusieurs citoyens, dont M. Roland Girardin, le directeur de l'office municipal d'habitation d'Yamachiche, se sont demandé comment on pourrait remplir ce futur édifice à logements. Pour arriver à louer ses logements, M. Girardin explique qu'il doit passer des annonces jusqu'à Repentigny et Laval. «Nous avons quatre personnes de l'extérieur sur 21 et c'est la municipalité qui paie pour eux. De plus, on a trois résidences privées pour personnes semi-autonomes, à Yamachiche et elles ne sont même pas pleines», a-t-il fait valoir.

«Personnellement, je n'ai pas confiance parce qu'on s'est fait fourré dans le passé», a lancé catégoriquement le conseiller Antonio Desaulniers en faisant allusion aux échanges qui ont eu lieu entre la municipalité, la population et la Régie régionale avant la fermeture du foyer.

Une résidante d'Yamachiche a proposé à M. Désilets de revoir son projet et de simplement redonner sa vocation au Foyer Ernest-Jacob puisque la RRSSS se creuse présentement la tête pour savoir où placer une vingtaine de lits en soins de longue durée..

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