Le Nouvelliste 14 septembre 2000

Un avion se pose sur l'autoroute

Nancy Massicotte 
Yamachiche

Imaginez le scénario: vous circulez sur l'autoroute; vous écoutez la radio mais ne l'entendez pas, car vous pensez à tous vos problèmes. Soudainement, vous apercevez un avion... eh oui, un Rockwell deux places qui atterrit sur l'autoroute juste devant vous. Vous croyez avoir la berlue?

C'est pourtant ce qui est arrivé hier matin, vers 9 h 15, sur l'autoroute 40, direction ouest, à la hauteur de Yamachiche. Un avion, qui se dirigeait à l'aéroport de Trois-Rivières, a atterri d'urgence sur la voie rapide après avoir connu des ratés. «Je volais à 3500 pieds d'altitude et je préparais ma descente pour Trois Rivières lorsque l'avion a commencé à avoir des ratés.


(Alpho Presse:Alain Bédard)

Une fois l'atterrissage d'urgence complété, l'avion de type Rockwell deux places a été reculé et immobilisé sur l'accotement pour ne pas nuire à la circulation sur l'autoroute 40.

«En principe, il me restait de l'essence pour une heure, mais j'ai préféré ne pas courir de risque. J'ai alors essayé de trouver la meilleure piste d'atterrissage possible. Il y avait bien un champ mais l'autoroute était plus appropriée», a raconté le pilote, M. René Larose de Québec. Ce dernier, un agent de recherche pour le ministère de la Défense, n'a pas caché que cet atterrissage d'urgence avait été «un peu énervant». Il revenait d'Ottawa et était en route pour Québec. Or, il a pu compter sur son expérience (il est pilote depuis 1994) et sur sa formation pour entreprendre les manoeuvres d'atterrissage. «J'ai fait une approche standard. Je me suis positionné au-dessus d'un véhicule, je l'ai ensuite dépassé en prenant pour acquis qu'il ralentirait en me voyant. J'ai ensuite atterri. Tout s'est bien déroulé. J'ai seulement surveillé les poteaux afin de ne rien accrocher», a-t-il ajouté.

Évidemment, les automobilistes témoins de la scène ont été pour le moins surpris. C'est le cas de deux agents de Conservation de la faune qui étaient sur l'autoroute. «En voyant l'avion voler aussi bas, nous étions certains que le pilote avait des problèmes. Nous avons tout de suite arrêté. Heureusement, l'atterrissage s'est bien déroulé, surtout qu'il n'y avait pas beaucoup de voitures sur l'autoroute. Nous avons ensuite aidé le pilote à reculer son avion sur l'accotement pour ne pas nuire à la circulation», a expliqué Roland Beaudoin.

Décidément, c'était la journée de chance du pilote car en plus d'avoir réussi son atterrissage sans causer  d'accident, et d'avoir obtenu l'aide des agents de conservation de la faune, il a pu compter sur l'intervention d'un enquêteur du service aérien de Transport Canada qui lui aussi passait par là. En compagnie des policiers de la Sûreté du Québec, le pilote et l'enquêteur ont procédé à plusieurs vérifications dans l'avion.

Il appert que ce n'est pas une panne d'essence qui est à l'origine des ratés mais plutôt un problème d'alimentation en essence du moteur. Une fois l'essence remplacée, le pilote a repris son envol sans aucune difficulté. Le décollage a eu lieu vers 11 h 30 environ. Pour faciliter les manoeuvres, l'autoroute a été fermée pendant quelques minutes.

Plus tôt en entrevue, M. Larose avait déclaré qu'il utilisait son avion surtout par plaisir. Hier par contre, il a décidé de prendre son avion parce qu'il avait un rendez-vous à la base de Valcartier à Québec. Comme il partait d'Ottawa, il a cru bien faire pour arriver à l'heure. «Là, je vais probablement être en retard», a-t-il laissé tomber, non sans une certaine ironie..

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