Le Nouvelliste 21 avril 2000

La petite histoire d'Yamachiche
Mme Jeannine Desaulniers la connaît par coeur

Yamachiche

Roger Levasseur
A
commencer par le nom même d'Yamachiche qui signifie Rivière vaseuse, en passant par l'histoire de la dizaine de fondateurs de la paroisse et de leurs descendants jusqu'à aujourd'hui, Mme Jeannine L. Desaulniers peut vous entretenir pendant des heures durant, voire des jours et des semaines si vous en avez le temps.

Vivant toujours dans la maison ancestrale construite en 1873, dans le rang qui porte également le nom de ses aïeuls, Mme Jeannine L. Desaulniers est aujourd'hui âgée de 75 ans et est une descendante à la huitième génération d'un fondateur d'Yamachiche, Jean-Baptiste Lesieur, dit Desaulniers.

 


(Alpho Presse: Alain Bédard)
Mme Jeannine L. Desaulniers

«Nos ancêtres étaient des Lesieur, et lorsqu'ils se sont établis ici, la plupart ont changé de nom. On disait alors qu'ils prenaient un nom canadien. Notre famille est donc devenue des Desaulniers parce que près de la rivière qui coule ici, il y avait des aulnes. On disait qu'ils allaient travailler aux aulnes, ils étaient donc des auniers. Dans notre famille, on a toujours conservé le l., avant le Desaulniers, faisant référence aux Lesieur. Parlant du changement de nom, ce fut la même chose pour Duchêne. Le premier, Julien Lesieur, avait un chêne près de sa maison. Il devint donc Julien Lesieur, dit Duchêne...», a raconté la septuagénaire.

Dans la grappe des pionniers qui ont fondé Yamachiche, on cite les Charles, Julien, Augustin, Jean-Baptiste, Joseph et Antoine Lesieur, de même que Pierre Héroux-Bourgainville, Mathieu Muette, Charles Vacher-Lacerte et Jacques Blais.

La référence historique d'Yamachiche vous parlera avec enthousiasme de son grand-oncle, François L. Desaulniers, qui fut député pendant 18 ans, 9 ans à Ottawa et 9 ans à Québec. «Il était contemporain de Nérée Duplesssis, le père de Maurice Duplessis. François L. Desaulniers est l'auteur de l'oeuvre Les vieilles familles d'Yamachiche, éditée une première fois le 15 août 1898 et rééditée à environ 35 reprises. Parmi les fils célèbres d'Yamachiche, il y a également eu Antoine Gérin-Lajole, le grand-père de Paul Gérin-Lajoie. Il fut avocat, bibliothécaire à Ottawa et c'est lui qui est le compositeur du fameux Un Canadien errant. Il était né ici en 1824. Il y a égale ment eu Aram Pothier, né lui aussi à Yamachiche. Il fut gouverneur de l'État américain du Rhode Island. Décédé en 1924, il a eu droit à des funérailles d'État et à un monument à Providence, la capitale», a poussé d'un seul trait celle qui a été enseignante pendant une dizaine d'années de sa vie.

Impossible de parler d'Yamachiche sans faire référence au poète Nérée Beauchemin. Mme Desaulniers nous apprendra que le fameux poète n'a jamais pu vendre un seul volume de ses fameuses oeuvres littéraires, pourtant bien connues maintenant.

«On était en 1929. Les gens étaient très pauvres car c'était la crise. Comme il ne pouvait vendre ses livres, c'est Mgr Albert Tessier qui les avait tous achetés et qui les avait apportés au Séminaire de Trois-Rivières. Je me souviens qu'à cette époque, on l'avait fêté. J'étais petite fille et je vois encore Nérée Beauchemin, debout dans une voiture à roues de bois et envoyant la main aux gens qui l'acclamaient. Il avait été fêté ici, puis par la suite à Trois-Rivières», dira celle qui, étonnamment, croit que sa soif insatiable pour ce qui touche l'histoire remonte aussi loin qu'au temps où elle était bébé.

«J'avais peut-être 2 ans et j'écoutais ma mère, une Bellemare, et mon père, raconter des histoires sur leurs ancêtres. Quand ça arrivait, je vous dit que je n'étais pas tannante...», va poursuivre celle qui vous exhibera une photographie de l'église d'Yamachiche, commencée et terminée en 1873.

«Cette nouvelle église avait été construite parce que l'autre était devenue trop petite. Les gens étaient religieux à cette époque et ils venaient de Saint-Barnabé et Saint-Sévère qui faisaient partie de notre paroisse. La nouvelle église fut malheureusement la proie des flammes le 11 juillet 1957. On avait pu sauver quelques bancs et une magnifique horloge qui comportait des cables et des pesées. Il manquait une pesée. L'abbé Lionel Dubois a demandé à mon frère Raoul, s'il pouvait lui fabriquer une pesée de remplacement. Il l'a fait à partir d'un morceau de rail de chemin de fer. Moi j'avais peint la pesée de couleur chêne pour qu'elle ressemble à la première. Cette horloge bien spéciale est toujours au local de l'Âge d'or. Mon frère est décédé, il y a quelques jours seulement, soit le 29 janvier dernier», a rapporté la septuagénaire.

Depuis un certain temps, Mme Desaulniers travaille bénévolement sur l'Internet de la municipalité, afin de trouver la généalogie des familles vivant à Yamachiche. À souligner qu'au cours des années 80, avec soeur Brigitte Hamel, elle a travaillé au recensement de toutes les paroisses du diocèse de Trois-Rivières. Un vrai travail de bénédictin.

«Moi quand je ne trouve pas une information, je ne me décourage pas. Je reviens plus tard et je trouve presque tout le temps le renseignement manquant. Pour le recensement des paroisses du diocèse, où ça été le plus difficile, ce fut à Sainte-Anne-de-la-Pérade et à Louiseville. Ce sont des populations flottantes, des populations de nomades. Ça allait dans le Montana, ça revenait à Louiseville...», a commenté Mme Desaulniers.

Le 2 juillet 2002 marquera le tricentenaire de la paroisse d'Yamachiche et naturellement on compte bien sur Mme Desaulniers pour fournir le meilleur bagage historique possible. «J'ai dit que j'acceptais de les aider mais que j'allais le faire à mon rythme. Que voulez-vous, l'histoire j'ai ça dans le sang. C'est pour moi un besoin et je ne suis plus capable de m'en passer», a commenté celle à qui on reproche parfois de ne pas avoir couché sur papier tout ce fint d'informations qu'elle possède.

«On me conseille parfois d'écrire tout ce que j'ai, mais, comme disait l'abbé Isaac Desaulniers qui ne voulait rien écrire, Mes élèves seront mes livres!

 


Mme Jeannine L. Desaulniers est bien fière de son grand-oncle François L. Desaulniers, député pendant 18 ans et auteur de l'oeuvre «Les vieilles familles d'Yamachiche».

Tout ce qui peut se rapporter à l'histoire de cette église d'Yamachiche, construite en 1873 et incendiée en 1957, Mme Desaulniers peut vous en entretenir pendant des heures.

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