Le Nouvelliste 20 avril 2000

 

La débrouillardise au service de la municipalité

Avec trois fois rien, ils sauvent temps et argent aux contribuables

Brigitte Trahan 
Yamachiche

La nécessité est la mère de l'invention, dit-on. En cette période de compressions budgétaires imposées aux municipalités, on commence à voir le dicton à l'oeuvre. À Yamachiche, en tous cas, lorsque les mois d'hiver obligent une réduction du personnel au département des travaux publics, ceux qui restent ne se croisent pas les bras lorsque le rythme du travail ralentit. Ils ont décidé d'inventer des appareils qui non seulement facilitent leur travail mais permettent aussi aux contribuables de sauver de l'argent et surtout d'être servis promptement.


(Alpho Presse: Alain Bédard)
 M. Daniel Giroux, employé municipal et M. Bernard Rousseau, coordonnateur
 des travaux extérieurs à Yamachiche
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La plus récente création de l'équipe de Bernard Rousseau, Daniel Giroux, Maurice Isabelle et Mario Lacombe est une gratte hydraulique installée sur le côté droit de la pelle d'un tracteur. Cet étrange engin sera mis à l'épreuve au cours des prochains jours et permettra de gratter et niveler les accotements aux abords des chemins de campagne. «Après qu'on ait inventé ça, on a vu une création très semblable chez Case à Québec», rapporte Bernard Rousseau, coordonnateur aux travaux extérieurs.

«Ça nous a coûté trois fois rien pour faire ça. J'ai mon cours de soudeur et les gars apportent leurs idées, on fait des plans et on invente des choses», dit-il.

C'est ainsi qu'avec de vieux morceaux des anciennes tours de transmission de Place Marconi, les employés des travaux publics ont réussi à fabriquer de toutes pièces une niveleuse hydraulique qui compte une demi-douzaine de couteaux pour égaliser les chemins de terre. Ils ont aussi créé un monte-charge à manivelle afin de pouvoir soulever sans efforts des coeurs de bornes-fontaines. «À tous les trois ans, on fait de l'entretien et il faut les soulever pour les inspecter. Ça nous aide beaucoup», explique M. Rousseau.

Ce monte-charge s'installe à même un mécanisme soudé au pare-choc du camion de service de la municipalité. Daniel Giroux en a profité pour fabriquer un étau qui s'installe aussi à même le pare-choc, au besoin.

Bernard Rousseau estime que tous ces engins, qui n'ont coûte que quelques centaines de dollars, permettent de gagner du temps quand vient le moment de livrer des services aux contribuables. «On n'a pas à attendre deux jours. On a l'outillage nécessaire pour rendre service aux citoyens tout de suite», dit-il.

«On est très orgueilleux de ce que nos employés ont réussi», renchérit le maire, M. Michel Isabelle. «Ce n'est pas tant une question d'économie que de rapidité à donner les services auxquels les citoyens ont droit. C'est pourquoi certaines choses ne se donnent pas à contrat.»

La fierté de l'équipe, c'est d'avoir créé, en collaboration avec le soudeur Roger Lamy, un escalier en acier, dans l'édifice des travaux publics, lequel peut être soulevé par un système de levier mécanique et gardé en place par des verrous de sécurité afin de faire de l'espace pour garer des véhicules «Il y a plusieurs architectes qui sont venus voir le résultat» tient a souligner M Rousseau, visiblement très fier de l'ingéniosité de son équipe


«On peut se vanter d avoir des employés très précieux» ajoute le maire. «Ils ont le goût et le coeur au travail, indépendamment des économies qu'on peut faire sans entrer dans le débat des fusions je peux dire qu'ils ont réussi des choses qui peuvent se faire localement mais qu'il serait difficile de réaliser a un niveau plus élevé. Il est rare de trouver une telle motivation aussitôt qu'on monte dans les échelons au niveau des fonctionnaires provinciaux, par exemple. Quand les employés se sentent gratifies par ce qu'ils font, tout le monde en profite », estime M. Isabelle.

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