TRAHI PAR SON OMBRE

 

Dans cette journée hivernale de février, la présence du disque diurne d’aspect jaunâtre comble à peine celle du vent frisquet par la puissance relative de ses rayons mais ce n’est pas un alibi pour demeurer à la maison et me priver d’une tournée pédestre d’ornithologie et sans hésiter, j’arpente les rues de mon environnement immédiat pour me rendre rapidement compte que les oiseaux sont majoritairement en congé, à part quelques Tourterelles tristes, un Geai bleu et une Sittelle à poitrine blanche.

 

Face à cette situation, j’emprunte un sentier de motoneige, en parallèle avec l’autoroute, menant à la Petite Rivière Yamachiche et, sur celle-ci, je me rends au lac St-Pierre, à son embouchure et, ici encore, c’est d’une tranquillité remarquable. Après avoir rapidement examiné le ciel et la surface du lac sans oublier les alentours des cabanes pour la pêche blanche où, à l’occasion, des Goélands arctiques, des Goélands bourgmestres, des Goélands marins ou des Goélands argentés s’y trouvent afin de gober un quelconque poisson abandonné, oublié ou même laissé sans surveillance mais, ce n’est nullement le cas et je reviens bredouille, sur mes pas.

 

Avant le premier pont de l’autoroute, au versant Est de la rivière, j’entends un pic frapper sur un arbre et mes jumelles cherchent ce rare être vivant ailé afin de m’assurer que c’est un Pic mineur; le son est en avant et bel et bien là mais le petit malin joue à cache-cache, derrière un arbre. Régulièrement, je promène  mes loupes de gauche à droite et de haut en bas, sans résultat, mais en passant sur un érable d’une dimension respectable, une silhouette apparaît sur son écorce, soit celle d’un pic et je n’ai qu’à m’avancer vers la gauche de quelques mètres pour surprendre, à son insu, le spécimen oeuvrant pour se nourrir et répondant au Pic mineur anticipé, lequel m’ignore totalement.

 

J’ai déjà réussi à observer un oiseau et identifier l’espèce en le repérant en premier lieu par son ombre et ensuite, le voyant à découvert ou dans une lumière adéquate mais jamais comme présentement, soit par le reflet de son corps sur un autre arbre. Cette "première" est un genre de « lifer » de la nature et dans mon esprit, c’est aussi gratifiant que l’observation d’un nouvel oiseau.