SPÉCIAL DE NOËL

MES BEAUX SAPINS

Article de Michel Bourassa

Par un magnifique matin du début de la saison hivernale, sous une douce neige à gros flocons, je m'apprête à tourner le coin de ma rue où des sapins sont au garde-à-vous comme de fidèles sentinelles au poste, jour après jour.

À proximité du premier conifère enneigé, j'entends de légers piaillements émanant de celui-ci et de l'autre, à ses côtés, et en apercevant la neige glisser des rameaux, il m'est facile de découvrir les coupables, soit de jolis oiseaux rougeâtres et jaunâtres, au nombre de six, que je réussis sans peine à approcher, ces derniers, beaucoup trop occupés à ouvrir les cônes de leurs hôtes; leurs ailes brunes et foncées m'aident à mettre immédiatement un nom sur cette espèce, même si je n'ai pas de jumelles, car je suis à moins d'un mètre d'eux, pouvant même toucher à l'extrémité des branches, d'autant plus que les mandibules croisées les trahissent et le verdict est catégorique et final:  ils correspondent à des Becs-croisés des sapins, très exceptionnel comme présence aussi près du lac St-Pierre, où les conifères sont peu abondants.

Je ne m'en plains nullement, car je sais que ça ne se représentera pas de sitôt, une telle visite.

LE JARDIN D'ANNA

En regardant la fin d'un film tourné pour la télévision, intitulé "Le jardin d'Anna", j'assiste à la conclusion très triste, dans laquelle une jeune fille du nom d'Anna est dans les derniers moments de sa courte vie, victime d'une maladie incurable, soit la leucémie.

Décédée dans la nuit, la caméra se promène sur les objets qu'elle chérissait le plus, pour clore avec une carte de prompt rétablissement, debout et à demi-ouverte sur la tablette, au-dessus du foyer et dont la page couverture est dessinée d'un Cardinal rouge, sur une branche de sapin.  C'est sur ces prenantes images que je vais me coucher tout en songeant que ça fait au moins deux mois que le couple de cette espèce d'oiseau est parti de chez-moi, sans revenir.

Le lendemain se passe comme à l'habitude, mais non le jour suivant, car un Cardinal rouge, mâle, est à la fenêtre lorsque je sors de ma chambre; pour un hasard, c'en est tout un, même pas deux jours après ce fameux film.  Je n'ai jamais pu oublier ce moment.

RÉUNION DE CARDINAUX

L'hiver 1995-96 a été très spécial car de l'automne, en commençant dans les premiers jours d'octobre et ce, jusqu'à la mi-février, encore en pleine saison froide, le Cardinal rouge, en tant qu'espèce très recherchée par les ornithologues amateurs, en a ravi plusieurs par une invasion des mangeoires des Québécois.

Chez-moi, durant toute cette période hivernale, dix Cardinaux rouges, dont sept femelles, ont bénéficié de ma cour arrière afin de se réunir tout en atteignant son sommet en nombre au mois de janvier.  Cette saison a été mémorable et j'espère que ça se répètera dans un avenir pas trop éloigné.