Rêves magiques d'oiseaux ( 4 )

Nostalgie béate

Article de Michel Bourassa

 

Un fauteuil, un livre sur une table de chevet et une fenêtre de solarium, dans un premier temps, se présentent à mon cervelet lors des heures de repos de la nuit pour, ensuite amener de l'extérieur par un temps gris et dans un paysage dénudé, un arbre, s'identifiant à l'aubépine et des oiseaux, l'habitant.

 

Ces images défilent en moins de cinq secondes mais pour laisser dans ma mémoire des souvenirs inoubliables car elles sont d'une très grande clarté et d'une telle vérité qu'il est très facile de les analyser.

 

Le solarium me projette dans l'avenir, à un âge plus avancé, permettant à mon corps de se reposer dans le calme et nourrissant son esprit de lectures diverses; même si ce dit corps est invisible, l'inconscient me fait ressentir ses états d'âme.

 

Mon aura, ayant repéré la faune ailée dans l'arbre fruitier, semble se contenter de cette présente situation tout comme ces oiseaux sur les branches et, dans sa relative acceptation des effets du passage des ans, le ciel sombre cadre parfaitement.

 

Malgré cette grisaille, la pluie ne veut pas être au rendez-vous, préférant réserver ses pleurs pour un moment plus approprié tout en laissant les trente volatiles, au corps gris pâle et au-dessus de la tête et au cou rose rougeâtre ( à l'apparence de Cardinaux rouges et surtout, de Cardinaux pyrrhuloxias ) glaner à portée de bec des drupes vermeilles dans une minutie et une lenteur presque insouciante, se foutant du temps et de tout ce qui les entoure.

 

Bien installés et éparpillés dans l'aubépine, à la forme d'un énorme bouquet nourricier grâce à sa manne fruitière, ces êtres volants, à l'aspect grisâtre,  me ramènent à la réalité de l'âge de mes artères pour, par contre, me consoler par le rose rouge de leur cou et de leur tête, affirmant la vitalité de mon esprit par le retour de ma jeunesse en revoyant la fleur d'antan de ce nom de couleur.

 

Le fait marquant de ce songe se résume à une nostalgique béatitude, ce qui heureusement, est tout autre que la tristesse.