La découverte d'une rareté par la mort

Article de Michel Bourassa

 

Régulièrement, nous voyons un oiseau mort lors de nos déplacements et à chaque fois, pour la plupart d'entre nous, il y a un pincement au coeur et surtout, un sentiment d'impuissance à cette vue. Ce sont habituellement des Étourneaux sansonnets, des Moineaux domestiques, des Pigeons bisets, des Carouges à épaulettes, des Quiscales bronzés et des Chardonnerets jaunes, tous heurtés par des véhicules ou, plus rarement, empoisonnés par l'homme.

 

Si nous n'aimons pas ces situations concernant des oiseaux connus par tous et très communs dans notre environnement, imaginez-vous les états d'âme face à une telle découverte lorsque ça arrive à un spécimen rare. Dans mon cas, j'ai été confronté à cette réalité en deux occasions et à chacune d'elles, j'en suis sorti mi-figue mi-raisin, soit heureux et triste en même temps.

 

La première rareté trouvée sans vie ( 8 septembre 1989 ) est un râle jaune, échoué sur le rivage et étendu sur un lit de joncs couchés par l'eau, à un monticule de terre; c'est en marchant à côté de ma barque pour la traîner à l'embouchure de la Petite rivière Yamachiche que ce minuscule oiseau de rivage a pu être répéré car, autrement, il aurait passé inaperçu. À ce moment, je suis fier de cette trouvaille mais il aurait été préférable de l'observer vivant; ma seule consolation est de savoir que cette espèce se trouve dans les parages, soit en migration, ou soit par habitude, année après année.

 

Pour le second cas, il se passe plus de 11 ans avant qu'il ne survienne. Le 24 février 2001, à l'heure du souper, un ami me téléphone pour me signaler la présence d'un petit hibou, inerte dans le fossé au coin de ma rue et j'y cours immédiatement pour le ramasser. Je me précipite chez moi et je tente de le sauver mais trop tard, la Nyctale de Tengmalm ( auparavant Nyctale boréale ) est malheureusement trépassée, suite à une blessure car elle a des traces de sang à un côté de sa poitrine, sang d'une proie ou le sien; elle a probablement succombé aux saignements ou tout simplement au gel en cette journée froide de février. Vraiment désolant car c'est ma première Nyctale de Tengmalm observée ( oiseau inusité en plus ) mais sa présence confirme que ses consoeurs peuvent, elles aussi, venir nous visiter; au moins, sa mort n'aura pas été vaine.