Prises de bec ( double version )

 

La première se déroule à une mangeoire circulaire à aire ouverte entre deux belligérants de taille: au premier plan, un Pic flamboyant ayant établi ses quartiers d'hiver dans ma cour arrière au sous-bois et se délectant du maïs écrasé à ce poste d'alimentation et s'accommodant sans problème de la présence des autres pensionnaires et à l'arrière, sur une branche, un Geai bleu tapageur s'apprêtant à mettre la pagaille.

 

Le geai, par une intrusion rapide, nerveuse et provocatrice en face du Pic flamboyant surpris, met aussitôt ce dernier sur ses gardes avec quelques sauts arrières, de gauche à droite. La confrontation est inévitable et comme des boxeurs, ils se défient et s'étudient pour voir soudainement le pic attaquer la poitrine du geai avec la vitesse de l'éclair, ailes ouvertes; après un bref recul, le geai tente à son tour une offensive plus lente et manquée car le pic se tasse vers le côté droit pour le prendre à revers par une charge agressive et le Geai bleu n'a plus le choix, soit s'enfuir et le Pic flamboyant peut recommencer à manger et se détendre après ces moments belliqueux.

 

La seconde prise de bec s'amorce beaucoup plus sournoisement par une autre matinée de fin de décembre et le premier acteur illustre bien la situation à venir car c'est une Corneille d'Amérique qui s'amène près d'un poste d'alimentation ouvert installé sur une souche où se gavent déjà cinq Perdrix grises, lesquelles picorent paisiblement dans la neige le maïs cassé, échappé de la mangeoire, dû à la circulation des autres oiseaux. La Corneille d'Amérique, en hypocrite, approche d'une patte lente des Perdrix grises, ce, à quelques reprises, faisant toujours volte-face tout en feignant ne pas les voir, pour aussitôt se rapprocher d'elles donnant comme résultat d'arriver face à face avec la plus près, laquelle l'ignore complètement.

 

Mais, arrêtée, la corneille houspille la perdrix et à bout de patience, cette dernière fonce sur le corvidé qui l'évite facilement par un saut en retrait pour retenter une autre bravade criarde que la perdrix repousse encore par une charge peu convaincante mais assez dissuasive pour éloigner cette intruse, réellement dérangeante, laquelle décide enfin de quitter les lieux. Durant cette altercation, les quatre autres Perdrix grises ont continué à se nourrir comme si rien n'était survenu: quel esprit de solidarité !