Les premiers pas

 

Lorsqu'on dit qu'une image vaut mille mots, il n'y a rien de plus vrai en ce moment, en cette journée de juillet 2006, à l'heure du souper, et ce, aux rives de la pointe Yamachiche, à l'embouchure de la Grande Rivière Yamachichoise. En effet, car dans l'attente d'une possible rareté, trois Vachers à tête brune n'attendent pas, eux, et ils s'envolent maladroitement vers le sol de la plage; ce sont trois jeunes de l'année et leur inexpérience qui paraît va rapidement se manifester.

 

Les deux premiers à atterrir, à découvert, sur le sol à l'autre rive de la rivière, marchent rapidement pour les voir, presque aussitôt, tituber et tomber sur le côté tout en reculant comme deux " gars paquetés " car le vent sud-ouest est très véloce et ils n'ont aucune chance face à lui. Le troisième vacher est, quant à lui, beaucoup plus sobre dans ses déplacements et il a la bonne idée de demeurer dans la végétation courte, à l'orée des arbustes qui sont son refuge; ses deux frères ou soeurs font toujours connaissance avec l'élément éolien et se retrouvent souvent par terre: il faut quand même se nourrir !

 

Je les prends presque en pitié car cette espèce d'oiseau est une des plus négligées et ce, dès sa naissance, car elle ne connaîtra jamais ses parents, la mère, pondant ses oeufs dans un nid de Paruline jaune, de Viréo aux yeux rouges ou de Bruant chanteur, entre autres. Cet oiseau noir est aussi persécuté par certains justement, ou plutôt injustement à cause de cette couleur, ce dernier étant accusé de tous les péchés du monde, à tort ou à raison; mais, s'il existe dans l'équilibre de la nature, il doit sûrement avoir son utilité et c'est à l'homme de la trouver.

 

Ce qui est fascinant du Vacher à tête brune, il va, dans les mois suivant sa naissance, joindre le grand rassemblement d'automne de sa race, et peut-être côtoyer ses parents, sans même le savoir, ayant été élevé par une autre espèce. Lors des autres années, à son retour, il va répéter les gestes de reproduction de ses parents par instinct, lesquels gestes sont souvent considérés comme de l'abandon et de la lâcheté de sa part. Le Vacher à tête brune doit en plus, avoir un sérieux problème d'identité s'il ne connaît jamais ses parents, ayant comme référence que celui qui l'a nourri au nid, comme le Viréo aux yeux rouges, par exemple.

 

Comme espèce, elle est en baisse au Québec dû à la disparition de plusieurs élevages de vaches dans les champs, d'où la provenance du nom de vacher car il a l'habitude de se nourrir en suivant les troupeaux. Aujourd'hui, il doit s'adapter mais l'espèce en souffre par la diminution des effectifs.