L'ouverture de la chasse au canard

( de façon traditionnelle )

Article de Michel Bourassa

 

Que l'on soit pour ou contre cette activité récréative ( selon moi, ce n'est pas une activité sportive car dans un sport, on ne tue pas l'adversaire, lequel est le canard dans ce cas ), il y a encore plusieurs adeptes même s'il semble y en avoir moins, d'année en année.

 

Pour certains de ces chasseurs de gibier ailé, c'est une vraie religion car ils n'hésitent même pas à défier leur patron et à s'absenter de leur travail lorsque la journée d'ouverture de la chasse arrive; c'est sans appel, quitte à être congédié, mais dans la majorité des cas, la compréhension est de mise, du côté patronal.

 

Souvent, la mise à mort du canard n'est pas le principal ou unique but du Nemrod car le cérémonial qui mène à cette finalité est de la plus grande importance et le voici.

 

Généralement, il est déjà prêt à embarquer dans sa chaloupe dès la fin de sa journée de travail et après le souper, un peu avant la noirceur, et se dirige seul ou avec des copains de chasse à sa "cache" ( enclos fabriqué avec de "l'herbe à lien", des joncs, du cèdre, des branches de sapin ou tout autre matériau de camouflage ); c'est la première étape qui le mène à une longue période d'attente sous les étoiles, sous les nuages ou tout simplement à la pluie, s'il n'est pas chanceux. Il est habituellement abrité dans un chaland, sorte de boîte de bois avec des portes coulissantes, dans lequel il a apporté des vêtements pour ne pas geler lors d'une possible nuit froide; aussi, la nourriture est essentielle car il se passe plus ou moins douze heures avant que le soleil se lève et que les premiers coups de fusil se fassent entendre.

 

En effet, lorsque ce moment arrive, c'est la pétarade sur les lieux et chaque tireur se défoule sur les canards qui survolent leur cache car ça fait une éternité que chacun d'eux attend cet instant euphorique, soit un an. Pour plusieurs de ces chasseurs de canard, c'est précisément "l'ouverture" qui les intéresse et souvent, ils ne retourneront plus pratiquer cette activité, si ce n'est une fois ou deux, tout au plus.

 

Comme un enfant, lorsque le chasseur revient à la maison, il raconte à son entourage les péripéties de sa journée "d'ouverture", comprenant tout aussi bien les bons et les mauvais moments, en n'oubliant surtout pas les mésaventures ( s'il y en a eu ) de ses amis et complices, rendant encore plus excitant le résultat de cette activité récréative traditionnelle car la chasse au canard se fait souvent de père en fils.

 

C'est pourquoi, plusieurs conversations familiales s'effectuent autour de ce thème lors des soirées hivernales, meublant ainsi ces dernières, toujours trop longues en cette saison. En réalité, la chasse est un élément important pour plusieurs ( hommes et femmes ) et fait partie intégrante de leur vie.