La Mauricie est prise d’assaut

 

Au lendemain d’une petite tempête de neige mais quelque peu encombrante à cause des bourrasques incessantes en ce milieu de mois de mars, le vent, plus chaud et encore très puissant, fait son œuvre en effaçant assez rapidement une grande partie du tapis blanc au sol. Sous un ciel plein de nuages, lesquels défilent à bonne allure, aidés par l’énergie éolienne, je m’attarde à guetter les oiseaux aux mangeoires, dans le confort, à la fenêtre arrière de ma demeure; tout en surveillant chaque mouvement dans les arbres, je détecte le passage de quelques Corneilles d’Amérique au-dessus de ceux-ci, lesquelles crient tout en se laissant glisser dans l’air.

 

Mais ça devient tout-à-coup plus bruyant et j’en repère plusieurs autres à leur suite tout en remarquant le même phénomène à l’avant de la maison et me précipite à l’extérieur sur le balcon pour assister à une procession impressionnante, unique et surtout gigantesque de Corneilles d’Amérique, laquelle dure au moins dix minutes; le défilé doit s’échelonner sur une distance d’environ deux kilomètres de long par sept cents mètres de large. Cette entrée massive en Mauricie, en provenance de Louiseville vers Yamachiche, dans une cacophonie indescriptible de milliers de Corneilles d’Amérique, au lendemain de la petite "tempête des Corneilles", annonce sûrement l’arrivée du printemps.

 

Des côtés ardoisés

 

A la sortie de la route du lac, je m’engage, en vélo, sur la voie de service, parallèle à l’autoroute, et je constate en ce début de soirée automnale qu’une fébrile activité ailée règne en avant, aux accotements.

 

Des coups de pédales plus lents conduisent ma bicyclette à proximité de ces oiseaux si grouillants, se soulevant à peine du sol pour y retomber quelques mètres plus loin et ce, aux côtés du chemin, donnant l’impression de regarder un tapis ardoisé vivant s’enrouler sans prendre de volume : c’est la première image offerte à mon cerveau.

 

Vous avez deviné que ce sont des Juncos ardoisés dans leur migration qui cherchent leur nourriture dans la courte végétation des abords gravelés.

Cette vue de centaines et même d’un millier de Juncos ardoisés sous les ramures des arbres, par un temps très sombre, est réellement appréciée, ajoutant de la gaieté dans cette ambiance morne.