LES  ENVOYÉES  DU  CIEL

 

En ce 17 août 2006, une magnifique fin de soirée s’offre à moi avec ce soleil couchant à l’ouest, dans la voûte céleste sans nuages; j’ai déjà à mon actif une observation très intéressante,  soit la Barge hudsonienne  (aussi vue hier).

 

En espérant trouver quelques espèces d’oiseaux, jusqu’ici absentes en ce jour, je tourne mes jumelles vers les joncs, au nord-est, croyant avoir entendu un bruant se manifester par quelques notes musicales. Dès le premier regard à la cime de la végétation, j’aperçois un couple  d’échassiers qui s’amène à l’horizon et du fond de la «petite baie», lequel couple semble, à première vue, être deux Grands Hérons.

 

Plus ces spectaculaires voltigeurs  approchent, moins ils ressemblent à des hérons par leur vol et ensuite, par leur couleur plus pâle car, en effet, dans leur descente vers l’espace d’eau légèrement encastré par les herbes aquatiques, je suis éberlué par l’arrivée inattendue  de deux splendides Grues du Canada, lesquelles se posent silencieusement en refermant leurs ailes dans une grâce inégalée.

 

C’est assurément un couple, car la grue qui ouvre la marche est moins grande et a moins de rouge à la calotte; après avoir paradé quelques minutes dans la mare d’eau, elles se retirent ensemble vers un point mort dans lequel je vois seulement leur tête, de temps à autre. J’entreprends donc de me rapprocher  d’elles par un autre chemin en prenant une menée tracée par mes nombreux passages, sachant que je vais pouvoir les admirer à satiété, ce qui exactement  se produit lorsque je m’arrête devant le lieu de leur présence.

                         

Dans sa robe grise, parée de taches rouilles, la jolie dame Grue du Canada parade délicatement, semblant mener la situation  avec un doigté des plus naturels, suivie de son fier partenaire,  avec son habit gris, dans une harmonie de tous les instants; après s’être désaltérée à quelques reprises, l’ensorceleuse conjointe, toujours avec le fidèle amoureux dans ses traces à l’arrière, s’immobilise, se retourne face à lui et dans un lent mouvement vertical de tête des plus persuasifs , lui signale qu’il est temps de partir.          

 

Elle se retourne et prend les airs, vers l’ouest, dans une envolée rythmée et impressionnante, toujours en compagnie de monsieur Grue du Canada; à peine cinquante mètres parcourus, en ligne droite, qu’elles rebroussent chemin pour emprunter la route de leur arrivée, en sens inverse, soit vers le nord-est. J’étais prêt à faire le pied de grue pour encore apprécier leur présence, mais elles en ont décidé autrement et ce sera pour un prochain rendez-vous, j’espère.