UN GUIDE SANS PAREIL

 

Article de Michel Bourassa

 

Par ce bel après-midi de fin janvier 2004, moi et mon compagnon observateur, à la conduite de son véhicule, nous allons dans la région de Nicolet, au cul-de-sac de la rue Bas-de-la-Rivière, dans une tentative de repérer un Grand-duc D'Amérique ou un Grand Pic et si possible, les deux.

Dès notre arrivée, je sors de l'auto en examinant les arbres à proximité des dernières habitations, avant de prendre le boisé le long du lac St-Pierre par un sentier très bien entretenu et menant aux réputées passerelles de l'endroit, très fréquentées à chaque printemps.

Ayant distraitement aperçu, à l'arrivée, un jeune chat noir, sagement assis à l'entrée dudit sentier, tel un appui-livres, celui-ci se lève presque aussitôt en se dirigeant vers moi et, affectueusement, avec ses brillants yeux verts, il me frôle tout en se jetant dans mes jambes à presque chaque pas, pour enfin se décider à prendre les devants dans la route de neige durcie.  Dès que nous ralentissons ou même arrêtons pour inspecter plus en profondeur un point précis, notre guide à quatre pattes s'impatiente en s'immobilisant lui aussi tout en miaulant quelque peu, pour mieux reprendre sa marche, nous suggérant de le suivre; vraiment, c'est une situation très unique.

À part quelques pics, presque tous des Pics mineurs, tout est d'un calme désarmant mais mon ami ornithologue me signale (pour m'encourager) que nous sommes encore assez éloignés du site habituel du Grand-duc d'Amérique.  Est-ce que notre guide félin noir nous porte malheur?

La première passerelle passée, nous approchons sensiblement et à quelques mètres de l'érable adulte où notre hibou devrait être posé ou du moins dans un des congénères qui l'entourent, soudain, un vol au fond de l'érablière détourne nous yeux pour voir un oiseau s'agripper à un arbre et révéler son identité, soit un Grand Pic.  À peine une minute sur son perchoir à le regarder donner quelques coups de bec sur l'écorce qu'il part déjà vers une autre cible qu'il abandonne aussi dans l'instant suivant pour le voir disparaître à l'arrière-plan et l'entendre frapper de ses puissants martèlements qu'à de rares fois, de plus en plus espacées.

Même si le Grand-duc d'Amérique est absent, nous sommes satisfaits de nos recherches et nous revenons au véhicule, toujours accompagnés de "Noiraud" le chat, un porte-bonheur dans les circonstances.  Nous approchant de l'auto pour le retour à la maison, le gentil minet s'assoie à l'endroit du début et dans la même position, soit la tête droite et immobile.  Ce guide en vaut bien d'autres, surtout qu'il ne parle pas !