LES GÉANTS BLANCS

Article de Michel Bourassa

 

En ce 7 juin 2003 magnifique avec son soleil étincelant dégageant une chaleur bienfaisante accompagnée d'un léger vent rafraîchissant, je m'oriente vers le lac St-Pierre pour une autre randonnée d'observations sans nécessairement m'attendre à quelques oiseaux exceptionnels car j'ai déjà obtenu ma part de chance depuis le début du printemps avec entre autres la Buse de Swainson, le Merlebleu de l'est, le Canard siffleur et le Goéland brun.

J'emprunte la Petite rivière Yamachiche en embarcation-moteur pour m'y rendre et j'accoste au versant ouest du canal à l'embouchure de ce cours d'eau tout en examinant l'environnement immédiat en quittant la chaloupe; quelques bruants s'y trouvent ainsi que des Tournepierres à collier, des Pluviers argentés et des Bernaches cravants principalement.

Je longe le petit ruisseau menant au lac même et caché par une haie naturelle d'arbrisseaux, je ralentis la cadence et je m'arrête dans un espace permettant une vue parfaite vers le rivage et, soudain, une apparition inattendue en ces instants de quiétude s'offre à mes pupilles, soit la présence de cinq impressionnants Pélicans d'Amérique adultes, en plumage nuptial avec leur protubérance sur le long bec orange; ils sont tellement près qu'ils semblent être directement devant moi.  Ces experts pêcheurs, pêle-mêle, forment tout à coup un cercle et l'un d'eux réussi à attraper une barbotte brune pour aussitôt la projeter en l'air et la rattraper dans sa poche gulaire, geste très spectaculaire!

Zigzaguant quelques minutes au bout et près des filets de pêche, les cinq géants de plumes blanches se dirigent très lentement vers l'ouest en frôlant les joncs, se tenant toujours en eau libre.  La brise douce de l'est augmente hypocritement son intensité formant une ondulation sur le miroir liquide et éventuellement, des vagues de plus en plus longues, lesquelles accélèrent l'avancée des pélicans vers Louiseville.

Cet autre moment de grâce avec le monde des oiseaux me gâte au maximum et c'est un heureux prolongement avec le 19 mai 2002, jour où trois membres au bec jaune de cette espèce ont sillonné le ciel à quelques mètres d'ici pour m'éblouir et surtout me sidérer lorsqu'ils ont, silencieusement passé au-dessus de ma tête comme trois avions planeurs; ces derniers répondaient à des adultes non-nicheurs.  Est-ce qu'une autre saison printanière guidera pour une troisième occasion ces gros oiseaux fascinants sur mon territoire d'observation? Je vis dans cet espoir si je me fie au dicton.