Sauvée, in extrémis.

 

À ma sortie du domicile , par la cour arrière où sont situés les plateaux d’alimentation , je remarque par terre , au seuil de la porte (à l’extérieur) une Tourterelle triste couchée sur le côté et immobile , par une température glaciale et dont la nuit a été encore pire. Dans de telles conditions climatiques , il n’est pas surprenant que cette tourterelle soit gelée car, en la prenant dans mes mains, je me rends compte qu’elle est très froide et qu’elle a de la difficulté à ouvrir le bec pour respirer ; mes espoirs de la sauver sont minimes mais je me mets à la tâche immédiatement car c’est urgent.

 

Après l’avoir transportée dans l’escalier , je ramasse une boîte de carton , je dépose du maïs cassé dans une assiette et de l’eau dans un bol pour entrer le tout dans la maison et créer un abri , à la chaleur, sur la sécheuse à linge ; ensuite , j’accours auprès de la tourterelle, toujours  dans l’escalier sur une des marches , n’ayant absolument pas bougée , mais une lueur d’espoir apparaît car, en la captant , elle hoche la tête en ouvrant les yeux et respirant un peu mieux. J’entre à l’intérieur et je m’assoie à la fenêtre tout en la tenant dans mes mains pour la réchauffer par de légers massages au ventre, à la poitrine et au cou, ses principales parties vitales ; au bout de dix minutes, elle est déjà beaucoup plus active en respirant à l’aise et en ayant des yeux pétillants. Elle est probablement sauvée mais je décide de lui faire passer la journée à l’intérieur dû au froid cinglant dehors, et aussi, pour lui permettre de récupérer.

 

Je l’installe sur la sécheuse, sous la boîte et elle s’assoupit ; dans la soirée, je ne l’entends pas et je vais à son chevet, de temps à autre, vérifiant son état, lequel semble parfait : elle dort paisiblement. Le lendemain matin, beaucoup plus doux comme temps, c’est le grand jour et je la transporte vers son élément, la nature, et elle est pleine de vitalité lorsque j’ouvre la porte et lui mets la tête vers ses arbres favoris de ma cour; elle ne se fait pas prier lorsque mes doigts se retirent de ses ailes pour la voir prendre son envol et aller rejoindre ses amies Tourterelles tristes sur les branches des érables. Elle a été très chanceuse dans cette aventure car dix minutes plus tard, justement, il aurait été trop tard.