Une primeur avec cet Empidonax

 

Le 25 octobre 2003 me réserve encore une surprise en cette année remplie de premières observations à vie, lesquelles frisent la quinzaine, mais rien ne présage un tel dénouement en fin d'avant-midi car le ciel est nuageux avec quelques gouttelettes d'eau et un vent agaçant dans une température fraîche. Cette situation automnale à l'extérieur retarde mon départ pour la Pointe Yamachiche et ce n'est qu'au bout d'une heure environ que la bruine cesse permettant enfin ma sortie quotidienne.

 

Avant de me diriger vers le lac St-Pierre, je conduis mon vélo sur un chemin privé gravelé menant directement aux rives de celui-ci et les espèces suivantes s'y trouvent: le Canard noir, le Canard colvert, le Canard pilet, le Bécasseau variable et le Bécasseau à poitrine cendrée; c'est satisfaisant comme début de séance d'observation dans ce temps maussade.

 

Après cette courte halte, je reprends la route vers mon endroit favori et à mi-distance de la ligne droite menant à la première courbe, près de la rivière, j'entends une fébrilité dans le faîte des arbres géants, près de la voie de terre, se manifestant par divers chants dont la plupart provenant de Carouges à épaulettes, d'Étourneaux sansonnets, de Quiscales bronzés et de rares Quiscales rouilleux. Parmi cette majorité, se détachent quelques Merles d'Amérique ainsi qu'un Roitelet à couronne dorée qui voltige d'un arbre à l'autre pour aboutir sur une haute branche et s'immobiliser, quelques secondes mais dans son vol irrégulier, il  a croisé un autre membre ailé, installé bien sagement sur son perchoir et je suis presque certain que c'est un Junco ardoisé femelle dû, au premier coup d'oeil, à sa couleur brunâtre.

 

J'ajuste parfaitement mes jumelles tout en les essuyant car une fine pellicule d'eau en brume, dû à l'humidité, s'est posée sur les loupes et je réalise que je ne peux identifier ce spécimen, car ce n'est assurément pas un junco avec un petit bec court et noirâtre tout en ayant un anneau péri-oculaire blanc écrasé comme un oeuf poché, l'oeil étant le jaune et le blanc, plus évident à l'arrière qu'à l'avant; cet oiseau semble avoir de légères barres alaires blanches mais je ne peux pas l'assurer dû au temps sombre. Après l'avoir suivi dans son deuxième déplacement, un autre indice important apparaît, soit le dessous noir de la queue sans oublier le chamois de sa poitrine surtout concentré vers les flancs, déjà remarqué au tout début; je n'ai jamais vu cette espèce mais j'ai assez de détails pour résoudre mon interrogation dès le retour à la maison malgré le noir total pour l'instant.

 

Je m'oriente à la Pointe Yamachiche où le vent est roi et maître et où les oiseaux semblent avoir boudé l'endroit, mais je m'attarde quelque peu à expliquer ma fameuse observation au président et à la secrétaire du Club d'Ornithologie de Trois-Rivières ( déjà sur les lieux ) sans être dans la capacité de mettre un nom sur cet énigme; à trois, nous tentons de le retrouver mais sans succès. Chez moi, en ouvrant mon Guide d'observation, je cherche les pages des moucherolles, une possibilité selon moi et je tombe pile car c'est un Moucherolle beige en plumage nuptial usé de fin d'été, facile à identifier dû au motif chamois cannelle de la poitrine. C'est réellement inattendu comme trophée aviaire tardif et donnant la preuve que tout est possible dans le monde des oiseaux.