DES CRIS AGAÇANTS

 

                                Dans un début de soirée de juin 2007, comme à l’habitude, je suis installé au stationnement de l’église à Yamachiche, adossé au parc Marguerite-Bourgeois, où des enfants s’amusent; j’ai déjà débuté le recensement des Martinets ramoneurs (comme à chaque vendredi, d’ailleurs) avec une température chaude qui est au rendez-vous et qui le sera sûrement jusqu’au coucher du soleil. Plusieurs citoyens de la municipalité en profitent pour occuper leur galerie ou pour se promener sur les trottoirs.

                              Repérant ici et là  quelques Martinets ramoneurs, soudainement, j’entends deux ou trois cris stridents qui proviennent du parc et je me dis que cette jeune fille a d’excellents poumons pour crier si fortement; je poursuis mes observations dans le ciel dégagé et bleu. Mais ma quiétude est encore interrompue par ces cris déchaînés et de plus en plus puissants, presqu’à s’en fendre l’âme; cette fillette doit probablement se faire achaler par d’autres enfants de son âge, me dis-je. Après une accalmie de quelques instants, elle recommence ses lamentations incessantes, fortes et surtout très agaçantes pour les oreilles : comment ça se fait qu’il n’y en a pas au moins un pour lui dire de se calmer et par le fait même , demander à ceux qui la harcèle, l’arrêt de leur manège? Je voudrais bien voir ce qui se passe mais des arbres m’empêchent d’apercevoir l’endroit exact et les personnes concernées; ça dure au moins trente minutes encore et j’ai vraiment hâte de m’en aller à la fin de mon recensement car  j’ai les nerfs à fleur de peau.

                               C’est à ce moment que je vois, distraitement, une fille d’environ dix ans, traverser le stationnement de l’église et ce, à l’arrière d’un jeune couple et je suis presque certain que c’est la coupable; mais je me trompe complètement car en levant la tête, une surprise m’attend. En effet, je vois sur une des épaules du jeune homme du duo, un magnifique perroquet presque entièrement vert avec quelques nuances de cette couleur et en dirigeant mes yeux vers sa compagne, un autre oiseau exotique se trouve sur son épaule droite et il est essentiellement gris avec un cou blanchâtre : il laisse aller des cris déchirants; je viens de trouver le trouble-fête du terrain de jeu!

                              Je n’hésite pas un instant et je vais prendre des informations  auprès de ce couple dans la trentaine sur l’origine de ces deux splendides oiseaux et la demoiselle acquiesce en me signalant que l’individu près de sa tête est un Gris d’Afrique et qu’actuellement, il est très agité, ce qui est inhabituel, car il a un tempérament calme à la maison (comportement certifié par un propriétaire d’animalerie); quant au grand et tranquille perroquet verdâtre, il porte le joli nom de Ara militaire, convenant parfaitement à la discipline exemplaire qu’il manifeste. Dire que j’ai accusé faussement une petite fille sage du tapage effectué pendant toute la soirée; il faut toujours vérifier avant d’avancer une chose et cette situation en est une preuve vivante.