DES CYGNES MUETS

Article de Michel Bourassa

Par un bel après-midi d'automne, en octobre vers l'an 2000 et sous un soleil chaleureux, je déambule sur le sable de la plage de la pointe Yamachiche depuis déjà plusieurs minutes, à la recherche d'espèces d'oiseaux, lesquels se font prier pour se présenter devant mes jumelles; très pauvre comme récolte, si ce n'est quelques goélands et quelques canards.

Je m'avance, en dernier recours, près de l'eau, sur la "pointe" du lac St-Pierre et je regarde vers l'est pour remarquer, au loin (à environ 1,500 mètres), des canards, se déplacer lentement, et deux grands oiseaux blancs, posés sur l'eau et immobiles, malgré de légères vagues:  vraiment intriguant.  Ces oiseaux aquatiques sont probablement des cygnes, mais de quelle espèce ?  La seule façon de le savoir est de prendre mon vélo et de me rendre sur place, soit à quatre kilomètres environ d'ici (la pointe Yamachiche).

Aussitôt pensé, aussitôt fait et je pédale le plus rapidement possible avant que les supposés cygnes décident de quitter les lieux.  Pendant le trajet, je pense que c'est sûrement des Cygnes tuberculés, à moins que j'aie la chance d'être en présence de Cygnes siffleurs ou encore mieux (parce que c'est exceptionnel), de Cygnes trompettes.  Mais soudainement, un doute s'installe et j'espère que je me trompe, tout en m'obligeant à me rendre à destination pour en avoir le cœur net.

Dès que je dépose la bicyclette par terre, je passe entre deux des chalets où se situent les palmipèdes géants et mon appréhension se confirme car ce sont effectivement des cygnes mais pas une des espèces souhaitées parce que ce sont des cygnes en contreplaqué, plantés dans la vase par un chasseur, raison de leur immobilité; vraiment, je me suis fait avoir et je n'ai comme solution que d'en rire et à retourner à la pointe Yamachiche.