À SON CHEVET EN "JASANT"
Article de Michel Bourassa
La matinée de la "St-Valentin" 2004 m'apporte un cadeau de premier ordre en conduisant environ cent cinquante Jaseurs boréaux chez mon voisin dans un arbre fruitier décoratif, rempli de centaines de prunes sauvages congelées, desquelles ces oiseaux huppés se délectent inlassablement. Une effervescente activité règne dans les branches et sur la neige au pied de ce pourvoyeur végétal providentiel pendant deux bonnes heures pour les voir quitter. Les deux jours suivants, une quinzaine de membres de cette espèce s'affairent à glaner les restes des fruits de cet arbre généreux, déjà presque complètement dégarni de ceux-ci.
Le quatrième jour de cette invasion boréale me présente des ramures dénudées, retenant à peine quelques drupes, ce qui explique l'absence de la clientèle ailée des jours précédents; mais en regardant à la base du tronc, un Jaseur boréal, tout gonflé et semblant être mal en point, se nourrit, piteusement, pour, à l'occasion, se poser sur une des branches inférieures: je ne donne pas cher pour sa vie. Il passe trois jours ainsi, en solitaire, à tenter de récupérer.
Le lendemain, c'est avec une certaine surprise que j'aperçois un second jaseur accompagné le "malade" et être à son chevet dans ces journées froides de février, avec seulement le soleil pour les réconforter. Ce bon samaritain restera quarante-huit heures à ses côtés pour sûrement l'encourager à lutter afin de survivre.
Entre-temps, j'apprends par un ami qu'un attroupement de Jaseurs boréaux se retrouvent en plein "cœur" du village, probablement ceux de la "St-Valentin". Je me surprends à penser qu'ils attendent le retour à la santé du convalescent et qu'il pourra peut-être, avec son assistant délégué, aller les rejoindre.
En effet, après deux jours ensemble, les deux copains Jaseurs boréaux ont délaissé les lieux et, probablement rendus avec la bande, ainsi quitter les environs.
Les oiseaux nous surprendront continuellement dans leurs habitudes et c'est la raison de notre intérêt pour eux.