La buse de l'Arizona

 

Le 9 octobre 2001, en milieu d'après-midi, je me dirige au lac Saint-Pierre en empruntant la Petite Rivière Yamachiche avec mon embarcation moteur et ce, jusqu'à son embouchure; la température est douce mais le ciel est sombre et nuageux et la pluie est imminente.

 

Je n'ai pas le choix de me rendre à destination car j'ai quelques filets de pêche à réparer, résultat de la malveillance de certains rats musqués qui ont eu l'audace de couper plusieurs mailles en corde de nylon de ces verveux. Dû au niveau d'eau très bas en cette période de l'année, je transfère de chaloupe en emportant le matériel pour la réparation et surtout ma rame.

 

Pendant mon travail, comme prévu, la légère bruine tombe du ciel, ce à quoi je suis habitué et je réussis assez rapidement à rendre comme neuves les nasses à poissons et à revenir sur la rive afin de rejoindre l'autre barque avec ma chaudière contenant couteau, corde et rafraîchissement d'une main et nécessairement ma pelle et mon aviron de l'autre, tout en ayant mes jumelles au cou, protégées par des capuchons appropriés car le ciel est de plus en plus lourd et la petite bruine d'eau se déguise en gouttelettes plus insistantes et abondantes.

 

En arrivant à la rivière, à quelques mètres de mon moyen de transport pour le retour au domicile, par habitude, je regarde la cime des premiers arbres et j'aperçois un rapace de la grosseur d'épervier ou de faucon mais l'eau dans mes yeux et surtout la distance assez respectable m'empêchent d'identifier cet oiseau, à l'affût sur son perchoir dégagé et idéal, malgré la hauteur importante. Je retire le protecteur droit de mes jumelles dû que c'est l'oeil de ce côté qui me permet de jouir de la vue et je m'enligne directement sur cet individu ailé. À ma grande surprise, ce n'est pas un épervier ni un faucon mais plutôt un genre de petite buse par la dimension et la forme de la tête mais il y a trop de blancheur à la tête, traversée par une ligne foncée au niveau de l'oeil vers l'arrière; l'interrogation demeure d'autant plus que les lentilles sont envahies par une pellicule d'eau.

 

Je m'empresse de les essuyer devant la crainte de voir l'oiseau chasseur s'enfuir et c'est exactement ce qui survient mais, à mon grand soulagement, il se dirige vers moi et à ma vue, il tourne au-dessus du cours d'eau en montrant son croupion blanc en forme de U, une des caractéristiques de la Buse cendrée, ajoutée à celle de la face de l'immature de cette espèce, soit une large partie blanche., d'autant plus que l'habitat actuel correspond totalement au sien; comme observation rare, venant des tropiques, c'en est toute une et je l'apprécie.