EST BIEN PRIS, CELUI QUI VOULAIT PRENDRE !

Article de Michel Bourassa paru au printemps 2004 dans la revue l'Ornithologique du Club d'ornithologie de Trois-Rivières

Depuis déjà deux ans, un couple de Pics flamboyants niche dans un énorme Érable à sucre dans la cavité de la cime d'un embranchement mort près du tronc maître.  Le couple est déjà arrivé en ce printemps et se prépare en faisant le tour du propriétaire et nettoyant son logis.  À peine sur les lieux depuis deux jours, j'apprécie le va-et-vient des deux pics et l'évolution de leurs efforts pour la création d'une future famille, composée normalement de trois ou quatre rejetons si je me base sur les années précédentes.  Mais je risque une amère déception car un couple d'Étourneaux sansonnets chasse sans difficulté les deux Pics flamboyants et s'empare illico de la place pour y nicher.  Mais un scénario tout aussi imprévu que loufoque se prépare pour le lendemain, scénario qui va tourner la situation en faveur des deux pics, et le voici:  dans la nuit, des vents très violents soufflent sur la région et à mon lever, en allant vérifier si tout était en ordre dans le sous-bois, je ramasse quelques branches cassées sur ma route et en arrivant sous l'arbre tant convoité, je trouve à ses pieds, justement, le fameux embranchement qui s'est rompu lors des puissantes rafales nocturnes.  Mon côté un peu taquin se réjouit parce que je réalise que les deux lascars à plumes noires sont, eux aussi, sans abri; pas gentil comme pensée, mais ils l'ont bien mérité!

Le surlendemain, étant moi-même sur place, je vois un Pic flamboyant mâle qui s'arrête à moins d'un mètre sous la cassure du tronc auxiliaire où se trouve une large ouverture inhabitée, ancien logement d'une famille d'écureuils gris.  Le pic est aussitôt suivi de sa compagne et ils prennent possession des lieux afin d'élever éventuellement en paix, trois jeunes dont je fais le suivi de la croissance avant leur envol.  Une aventure qui, somme toute, se termine très bien.