Les barges disparates

 

En ce début d'après-midi du 7 juillet 2001, je m'obstine, à l'embouchure de la Petite Rivière Yamachiche, à vouloir trouver la Mouette pygmée, présente la veille, avec les Mouettes de Bonapartes et les Sternes pierregarins. Lorsque je crois l'avoir repérée de loin, elle s'envole au-dessus des eaux du lac pour aboutir sur la grève, à plus de cinquante mètres de ma position, ce qui m'oblige à m'y rendre assez rapidement, avant qu'elle reparte. Ayant réussi à la rejoindre, je m'assure que c'est bien elle, ce qui est le cas et je reviens sur mes pas pour apercevoir, à mon grand étonnement, deux Barges hudsoniennes en plumage nuptial, ce que je pense mais, à proximité d'elles, je doute.

 

Cette interrogation provient du fait qu'il y en a une qui est plus grande, avec un long bec droit et bicolore tout en ayant le cou complètement différent de la Barge hudsonienne comme couleur, soit d'un chamois orangé descendant à la poitrine, mouchetée de noir. Il me manque seulement un détail pour confirmer son identité et c'est la bande blanche décroissante à l'aile, laquelle est plus large que l'hudsonienne; la réponse vient rapidement car elles prennent leur envol en s'éloignant vers le sud-ouest, me donnant suffisamment de temps pour examiner la " suspecte " et certifier que c'est bel et bien une Barge à queue noire.

 

Dire que ce couple désassorti m'a joué dans le dos en arrivant silencieusement par l'arrière et que j'aurais pu rater cette exceptionnelle observation de la Barge à queue noire; je suis béni des dieux.

 

Maintenant, il faut convaincre les sceptiques de cette " vision " aviaire car, pour certains, sans le dire, ils vont penser ainsi. Comme personne n'est prophète en son pays, il faut que je " fasse avec " et plutôt apprécier chacune des secondes du court passage de ces deux barges, habillées de leurs plus beaux atours et maintenant déjà chose du passé.