RASSEMBLEMENTS INUSITÉS OU IMPORTANTS

 

                                                    Texte de Michel Bourassa

 

Cet article concerne les bandes d’oiseaux qui sont observés d’une façon vraiment inusitée et aussi les rassemblements normaux lors des migrations de printemps et d’automne comme ceux d’entrées massives de Corneilles d’Amérique, lesquelles arrivent par milliers à certains printemps, ou encore comme l’invasion d’innombrables Parulines à croupion jaune, accompagnées de différentes autres espèces en nombres beaucoup plus restreints, ce aussi le printemps.

 

Le premier regroupement important d’une espèce précise me venant à l’idée est celle du Quiscale rouilleux, surgissant en un instant à la côte du bas de la rivière passant aux limites de mon terrain; ces dits Quiscales rouilleux, dépassant les 300 individus,  descendaient près de l’eau, soit pour y boire, s’y baigner ou encore picorer dans les feuilles déjà tombées à l’orée de la surface liquide. Plusieurs des derniers automnes amènent ces mêmes quiscales à cet endroit qu’ils  privilégient sur leur couloir migratoire.

 

Des rassemblements de plus en plus inusités aujourd’hui, mais qui l’étaient un peu moins au milieu des années 1990, sont ceux d’hirondelles, lesquelles diminuent constamment et ce, dans toutes les espèces. Justement vers 1995, un de ces regroupements s’est fait sur la plage sablonneuse et un peu terreuse de Pointe-Yamachiche et celui-là en valait réellement la peine avec ses quelques milliers d’oiseaux gracieux posés au sol dans un décor féerique composé d’une vapeur d’eau matinale, la résultante d’une nuit des plus fraîches. La majorité de ces dites hirondelles appartenaient à l’Hirondelle bicolore, entremêlées de quelques Hirondelles rustiques et d’Hirondelles de rivage, dont certaines voletaient au-dessus de la rivière, soit pour se poser, soit pour se nourrir, et peut-être même pour se réchauffer! Lors de mon retour de la récolte des poissons, deux heures plus tard, la « pointe » étaient déserte, seulement quelques individus ayant retardé leur départ.

 

Des déplacements importants de Jaseurs boréaux les amènent aux arbres fruitiers décoratifs de nos municipalités, ceux-ci assez souvent par centaines, pour le plaisir des yeux, grâce à la beauté de ces oiseaux colorés et stylisés venus des régions nordiques; parfois, les Tarins des pins, les Durbecs des sapins, et dans une moindre mesure, les Becs-croisés bifasciés, agissent de la même façon en fréquentant notre environnement.

 

Septembre 2012 voit deux groupes importants se présenter dans le secteur de Pointe-Yamachiche et le premier à arriver est celui d’au moins 22 Grandes Aigrettes, un nombre record sur le territoire de Yamachiche; il y en a même eu plus de 25 observées par un membre d’un club ornithologique de la région de Montréal. La seconde espèce à surprendre lors d’un rassemblement occasionnel est la Sarcelle à ailes bleues, laquelle est en constante diminution au lac Saint-Pierre; le groupe observé comprenait un minimum de 125 à ailes bleues, lequel se déplaçait en vol, régulièrement à l’arrière d’un autre groupe de sarcelles de plus de 175, soit la Sarcelle d’hiver; un spectacle vraiment unique et agréable à voir!

 

Il y a d’autres regroupements d’oiseaux très intéressants à voir voler, même si ce sont lors des migrations, et les oiseaux de rivage, dans leurs fréquents déplacements, offrent des chorégraphies des plus impressionnantes et toujours synchronisées; d’ailleurs, les bandes « d’oiseaux noirs », les Plectrophanes des neiges, les Goélands à bec cerclé et surtout les rapaces, lesquels profitent des courants d’air chaud de certaines régions, en sont d’autres exemples s’y rapprochant dans leur originalité respective dès qu’ils occupent l’espace aérien. Malheureusement, dans la sauvagine, la catégorie des fuligules n’entre plus dans les grands rassemblements, ce à cause de la chasse intensive, notamment.

 

Deux invasions printanières de Bruants chanteurs m’ont énormément étonné, l’une dans le secteur du cul-de-sac de la rue Gérin-Lajoie, où quelques centaines de ces bruants se promenaient sur les terrains en pelouse courte, sur les abords du chemin et même au centre de ce dernier; certains Bruants chanteurs se trouvaient aussi sur les branches inférieures des arbres. L’autre groupe des plus importants et au début des années 2000, s’était retrouvé sur la voie ferrée du chemin des Petites-Terres et ce rassemblement comprenait au moins 400 à 500 Bruants chanteurs, accompagnés de quelques Bruants des prés et de plus ou moins 50 Juncos ardoisés; ils se nourrissaient de grains échappés entre les rails lors des passages de cages de trains transportant de la nourriture pour animaux; très inusité comme scène, mais des plus intéressantes à regarder. Nous avons aussi la surprise de voir des regroupements de quelques centaines de Merles d’Amérique et de dizaines de Pics flamboyant, quelques jours avant leur migration d’automne vers des climats plus acceptables pour eux.

 

Certains groupes de volatiles sont beaucoup moins aimés des gens et ceux composés de Pigeons bisets en font partie, devant les dégâts qu’ils font autour des meuneries par leurs fientes; ils se retrouvent souvent par centaines à ces lieux. D’autres groupes mal-aimés correspondent aux rassemblements de Cormorans à aigrettes, lesquels vident pratiquement les plans d’eau de tous les poissons de petite taille et des alevins s’y trouvant; ces dits cormorans sont de redoutables pêcheurs, méritant le titre de spécialistes des oiseaux pélagiques.

 

Il va de soi, il faut mentionner les gigantesques rassemblements d’Oies des neiges à Baie-du-Febvre, le printemps, lesquelles arrivent par centaines de milliers pour occuper les champs comme aires de repos, ce qui est la même situation pour les dizaines de milliers de Bernaches du Canada, lesquelles occupent le même territoire, ainsi que les terres agricoles de la Rive Nord, notamment Yamachiche et les localités un peu plus au nord. Ces voiliers d’oies animent considérablement cette période de l’année par leurs déplacements perpétuels, au grand plaisir des amants de la gent ailée.

 

Les deux dernières semaines du mois de mars 2016 ont été marquées d’une fréquentation journalière inusitée des mangeoires par les Tarins des pins, les Sizerins flammés et les Roselins pourprés, lesquelles espèces erratiques (soit ne se présentant pas dans notre région immédiate à chaque année) se dénombraient par plusieurs dizaines et même centaines, ce presque sans répit; le budget de nourriture pour oiseaux a subi une hausse avec cet achalandage constant. Vraiment exceptionnel en cet hiver, d’autant plus que ces trois espèces ont été quasi absentes de Yamachiche avant cette période active.

 

Même ceux qui ne sont pas sensibilisés à la cause des oiseaux ne peuvent rester indifférents face à l’un ou l’autre de ces rassemblements d’oiseaux, devenant un spectacle inoubliable à chaque fois! Une expérience à vivre absolument dès que l’occasion daignera se présenter à vous.