LA RIVIÈRE DU CIEL

 

                                                        Texte de Michel Bourassa 

 

En cette période de l’hiver remplie de froidure, à l’heure vespérale de la journée quand le soleil entreprend sa descente vers son coucher, ce afin de revenir plus rayonnant aux premières lueurs du prochain matin, dès que le regard du gris bleu de mes yeux va à la rencontre du bleu azuré de la voute céleste, une rivière de couleurs apparaît dans des courants de nuances parmi les vapeurs d’eau rosées, saumonées, rougeâtres, pourprées, orangées et jaunâtres; lesdits courants sont entremêlés par moments d’éparses coulées de filets d’or, lesquels s’y glissent sans gêne aucune, ajoutant une richesse incroyable à ce spectacle  des plus inspirants et des plus exaltants: une légère brise s’amuse à enlier et à délier, tour à tour, chacun des éléments de cette rivière du ciel, pour le plus grand plaisir des pupilles.

 

         Ces nuances de chaudes couleurs imitent les coulées de laves volcaniques sans, heureusement, les dangers de brûlures s’y rattachant puisque ces dites coulées sont de composantes volatiles et surtout, dans l’espace aérien, donc loin de mon corps! Mes yeux se délectent de ces déplacements atmosphériques colorés, lesquels s’exécutent avec toute la lenteur souhaitée, permettant ainsi le prolongement de ce phénomène. La graduelle rentrée de l’astre du jour à la ligne d’horizon contribue à unir les teintes de coloris et à faire rougir cette rivière du ciel, devenant peu à peu une mer, laquelle en est une de fierté et non de honte, car les reflets diffusés par ledit disque d’or sont magiques; tout simplement unique!

 

        Même si la lassitude visuelle de cette beauté de l’azur n’atteint nullement mon sens de la vue, cette dite féerie va s’estomper par l’arrivée en sourdine d’une grisâtre écume nuageuse dans le début de la noirceur, mettant abruptement une fin à ce tableau vivant, lequel a été créé par les dieux de la nature.