VISITEURS DE MARQUE

                                            (À mon terrain et ma rue)

 

                                            Texte de Michel Bourassa

 

                                                 

                 Le bref temps que dure la pose, ce Bruant vespéral,

                 Dans ses agréables vocalises, garde un bon moral.

                 Que dire de l’attrayant Pic à ventre roux en cavale,

                 Lequel a privilégié mon secteur, choix peu banal.

 

                 Ce furtif Troglodyte de Caroline, aux limites de l’été,

                 Se permet l’exploration des vignes, en toute liberté.

                 Déjà depuis plusieurs jours au cul-de-sac, à fureter,

                 De ma fenêtre, le Mésangeai du Canada devient réalité.

 

                 La légère Chouette rayée parcoure, dans un élégant vol,

                 Le sous-bois, à la recherche d’un possible campagnol.

                 Sous l’emprise d’un vent froid du nord, au zénith du sol,

                 Une fragile Petite Nyctale, instable à sa branche, décolle.

 

                 Au milieu de ce jour de printemps, mes yeux sont ébahis,

                 Car l’erratique Tohi à flancs roux, après son chant, surgit.

                 Étonnante Paruline de Swainson de fin mai, et prise en délit,

                 Puisque sa coite discrétion à l’érable l’a quand même trahie.

 

                 Dans un voilier de Bernaches du Canada, des compagnes,

                 Cette petite Bernache de Hutchins traverse la campagne.

                 Du haut de l’arbre mort, dans un tintamarre qui l’accompagne,

                 Ce splendide Pic à dos noir lustré, à coup sûr, me gagne!

 

                 Dans un groupe d’Oies des neiges en vol, petitesse oblige,

                 Le rythme de cette Oie de Ross est maintenu avec prestige.

                 Le Bec-croisé bifascié, trônant fièrement à l’acmé d’une tige,

                 Cette épinette ne lui a pourtant pas donné le moindre vertige.

 

                 Ces quatre matinaux visiteurs, dans l’arbre fruitier du voisin,

                 S’empiffrent sans arrêt et répondent à des Durbecs des sapins.

                 Voyageant en un imposant groupe, comme de vrais copains,

                 Les Jaseurs boréaux, au pommier, ont enfin trouvé leur pain.