LE PANORAMA DE LA POINTE

 

                                                   Article de Michel Bourassa

 

        Comme plusieurs le savent, Pointe-Yamachiche (anciennement la Plage Laurentienne, voir texte 416 La Plage Laurentienne), a toujours été un endroit de prédilection pour avoir une vue imprenable sur le lac Saint-Pierre, nous donnant l’illusion d’avoir la mer devant nos yeux ébahis, tant la splendeur de ce grand espace aqueux impressionne. De tout temps, les chasseurs et les promeneurs, notamment, ont fréquenté ce site pour connaître des sensations de calme et de beauté, entre autres. Le chemin de terre menant à cette dite pointe était, avant la construction de l’autoroute 40, deux fois plus long et décourageait un grand nombre d’amateurs de plein air, ce afin de parvenir à l’embouchure de la Grande rivière Yamachiche, soit à la pointe.

 

        Au début des années 1990, très peu de gens se rendaient près du lac Saint-Pierre en empruntant cette voie peu carrossable, avec ses nombreux détours et ses innombrables trous sur sa surface; mais le tout allait changer quelques années plus tard, soit vers 1995, avec la venue de quelques observateurs d’oiseaux, lesquels n’ont cessé d’affluer depuis. Le premier coup d’envoi a été donné par un texte vantant le plein air, particulièrement la présence des oiseaux, lequel texte paru dans Le Nouvelliste, section Voyages, le 8 septembre 2001; déjà, on venait de piquer la curiosité de plusieurs ornithologues amateurs de la région. Mais ce n’était que le début car, dans la même année (2001), un excellent texte de Hugues Brunoni, du club d’ornithologie de Trois-Rivières, dans la revue spécialisée sur les oiseaux et du nom de Québec Oiseaux, lança définitivement la réputation de Pointe-Yamachiche dès l’année suivante, triplant facilement la fréquentation de ce lieu privilégié pour l’observation des limicoles, réputation toujours existante aujourd’hui. Lorsqu’un ornithologue vient pour la première fois à Pointe-Yamachiche, après une longue marche sur un chemin étroit et rempli de végétation sur les abords, il n’oublie jamais sont entrée sur la pointe, en voyant ce panorama exceptionnel et il en oublie momentanément la raison de sa présence, soit les limicoles et les rapaces, ces derniers de plus en plus nombreux.

 

        Du milieu des années 1990 jusqu’à l’été 2004, soit avant l’éboulis du chemin menant au lac, on pouvait se rendre avec des véhicules jusqu’à la pointe, permettant à des personnes âgées, des campeurs, des baigneurs, des tireurs de pigeons d’argile, aux amateurs de planche à voile et de voile aérotractée, et aussi aux chasseurs, lors de l’ouverture de la chasse au canard, de profiter au maximum du milieu, causant parfois des frictions assez sérieuses entre les utilisateurs; depuis 2007, le problème n’existe plus avec la présence d’un stationnement bloquant l’accès au chemin, lequel est devenu piétonnier, permettant aussi aux vélos d’y circuler.

 

      À la fin des années 1990, quelques reportages d’émissions télévisées de plein air ont été tournés sur le site même de Pointe-Yamachiche, du moins certains passages dans lesquels l’animateur faisait ses présentations d’usages : j’ai justement été le témoin de plusieurs reprises d’une entrée en matière par un animateur, lequel était vraiment frustré de toujours recommencer! Au moins deux maisons de production sont venues tourner à la pointe. Un autre fait marquant de Pointe-Yamachiche et ce, au début des années 2000 (entre 2001 et 2003), est le tournage du début d’une chanson du premier album de Lénou Mouskouri (fille de Nana Mouskouri), laquelle est arrivée avec son équipe, transportant tout l’équipement requis à bras (notamment beaucoup de fils et des génératrices), devant l’impossibilité de se rendre à Pointe-Yamachiche dû au chemin boueux devenu trop dangereux pour la possibilité de s’enliser. J’ai été privilégié d’assister à l’installation de ces équipements et la préparation professionnelle de Lénou Mouskouri, écoutant attentivement les conseils de son producteur; cet album, soit Any Given Day,  est sorti en France en 2004.

 

    Du début jusqu’au milieu des années 2000, une école de voile de la région venait camper en voilier avec les élèves comme navigateurs et ce pendant presque toutes ces dites années, soit en juillet; les embarcations étaient amarrées à la plage de Pointe-Yamachiche, du côté du lac, lesquelles étaient souvent accompagnées de rabaskas, soit de grands canots à plusieurs rameurs. Tous ces jeunes gens et leurs professeurs passaient une nuit sur ce site et repartaient le lendemain avant-midi, ayant, pour ces jeunes, appris les rudiments de la vie en plein air (cueillette de bois, feu pour la nourriture et montage de tentes, entre autres), le tout dans un décor enchanteur.

 

    Dans le début des années 2000 aussi, une famille locale, les Côté, avec leurs ami(e)s, ont organisé pendant quelques étés consécutifs, une fîn de semaine sous chapiteau, ce à la pointe même; plusieurs s’y rendaient à cheval et habillés pour la circonstance, soit chapeau et bottes, entre autres; le lendemain d’un tel événement, les lieux étaient impeccables, ce qui était remarquable comme conscience écologique. Étant un des meilleurs sites d’observation des limicoles au Québec, soit dans les sept plus importants, Pointe-Yamachiche a reçu un autre fleuron dans les années récentes, soit le tournage d’un vidéo (probablement en 2011) sur sa vrai nature et sous la forme d’une jolie chanson intitulée Si mon cœur, du groupe trifluvien Bradycardie et une réalisation de Martin Després Gravel/ Gilles Jr. Perron; cette ballade intéressante se déroule avec le panorama de tout l’environnement du secteur de Pointe-Yamachiche, soit à partir du début du stationnement jusqu’à l’embouchure de la grande rivière, avec toute la végétation possible, le bord de la rivière, les sentiers dans les boisés, le  fameux billot à traverser, la section de la saulaie et enfin, le vaste territoire de la pointe (rivière, baie, lac, horizon, oiseaux) : magnifique! Ledit vidéo est sorti en avril 2012 et peut être vu sur Youtube.

 

     Malheureusement, depuis quelques années, la plage de la pointe a été envahie graduellement par des tiges de saules et maintenant, le mouvement est irréversible, laquelle pointe va devenir un boisé et ce, à un rythme assez rapide, soit tout au plus 10 ans; il va falloir se rendre à l’embouchure de la rivière, près du lac Saint-Pierre, pour admirer le panorama de celui-ci, intimement lié à Pointe-Yamachiche.

 

    En terminant, il ne faut surtout pas oublier le panorama de Pointe-Yamachiche en hiver (voir texte 448 Pointe-Yamachiche en hiver), lequel panorama offre des spectacles inégalés lors des levers et des couchers de soleil : tout simplement époustouflant, surtout lorsqu’il y a des nuages et que le froid s’en mêle. Maintenant, c’est à chacun de vous de profiter de ces cadeaux de la nature, si évidemment ça vous intéresse.