Rêves magiques d’oiseaux

 

                                          OISEAUX D’ÉTÉ EN NUIT D’HIVER

 

                                                     Texte de Michel Bourassa

 

        Dans la dernière heure de la nuit du 7 février 2011, un rêve se permet d’allonger le cours de ma vie en me faisant vibrer comme dans la réalité, ce avec une aventure des plus spectaculaires dans son déroulement abracadabrant.

 

        Pourtant, dès la première seconde, rien de bien extraordinaire ne s’annonce dans le décor devant moi, soit la proximité de la passerelle de Yamachiche, près de laquelle six amis ornithologues m’accompagnent à cet instant et se demandent encore s’ils doivent me suivre en sortant du site pour se rendre à un endroit encore inconnu de ma part ou s’ils continuent leur route vers Pointe-Yamachiche; ces observateurs tranchent rapidement en décidant de marcher vers le ladite pointe et je les quitte immédiatement en les saluant.

 

       L’image suivante du songe me transporte à la grisaille d’un marais de carex desséchés où une certaine activité aquatique règne par les déplacements calculés de quelques grenouilles et de quelques ouaouarons, et de la nage ondulé de deux couleuvres; l’austérité des lieux n’est nullement déprimante, mais plutôt reposante dans cette tranquillité. Un mouvement vers la gauche me jette sans avertissement aux abords d’une rivière à peine plus large qu’un ruisseau où le niveau d’eau est des plus bas et où les racines développées au maximum des arbres adultes de la côte opposée, lesquelles sont en direction du cours d’eau, s’avancent complètement dégagées vers l’onde. La première racine attirant le regard hypnotise tellement par sa forme qui ressemble étrangement à un serpent, qu’elle semble prendre vie tout en tentant de rejoindre le liquide et ce, dans une certaine pénombre. À quelques mètres seulement plus à côté, un jet de lumière se pose sur une autre racine d’un arbre voisin, laquelle emprunte la forme d’une tête d’alligator pour, graduellement, s’étirer et lentement devenir une tête et un corps et enfin, grossir et se compléter par une queue et des pattes, ces dernières amenant ledit reptile vers la rivière; cette silhouette s’éloigne comme un être vivant arrivant de nulle part!, même si, dans les derniers instants, je viens de voir la naissance de cette créature hallucinante à partir d’un corps inerte et ligneux appelé racine.

 

     La dernière partie de ce passage onirique n’est pas en reste et l’atmosphère morose causée par le ciel nuageux ne change rien à la magie du moment, lequel survient dans un premier temps, en la présence de deux autres observateurs d’oiseaux, mais lequel moment est des plus imprévus. En effet, le tout débute avec ces deux personnes sur le trottoir d’une rue étroite d’une municipalité où une galerie s’avance d’une maison, laquelle frôle le trottoir; sur le toit quasi plat de la galerie, un inattendu ibis surgit en atterrissant avec les ailes battantes dans des couleurs éclatantes, soit un rose bonbon pour la tête, le dos et les ailes, et un chatoyant orangé pour le ventre et la poitrine dans un plumage ébouriffé. Presque immédiatement, une avocette de même taille se présente tout doucement près de l’ibis et, avec le bec retroussé, soit courbé vers le haut, le rouge vif de la tête et du dos, le blanc des ailes et l’orangé brûlé du dessous, cet échassier éblouit les gens sur place, lesquels sont de plus en plus nombreux en avant de la galerie qui prend un air de grande scène de théâtre. Le spectacle inédit continue de plus belle sur la toiture, avec l’apparition, tel un coup de baguette magique, d’un autre ibis, celui-ci au bec noirâtre, au dos rosé, et aux ailes ainsi que le dessous d’un orangé de feu; les trois spécimens sur leurs pattes en échasses stupéfient tous et chacun avec leur seule présence et le tout va se terminer avec, en bonus, l’arrivée subtile de sept limicoles, du genre chevalier et pluvier, causant une activité unique, sur un site unique, dans un rêve unique!