LES OISEAUX DE LA CHANCE

                                                         Article de Michel Bourassa

         Lorsque la chance passe, on dit qu’il faut la saisir en ne la laissant pas passer, car elle ne reviendra peut-être plus. Et bien, en cet avant-midi du 6 novembre 2011, vers les 10 :00 heures, elle a passé à ma rue (Conrad-Gugy) et je l’ai saisie avec mes jumelles, tout en la laissant passer.

        Cette chance presque unique est un splendide Carouge à tête jaune, mâle, lequel a passé au-dessus de ma tête brune (ma tuque), se permettant même de me saluer par un cri rauque et perçant, tout en suivant une dizaine de Quiscales rouilleux et quelques Carouges à épaulettes et se dirigeant vers l’ouest, soit Louiseville; c’était le premier Carouge à tête jaune que je voyais de si près et ça m’a rendu fou comme un balai!

        Ce n’était pas fini comme chance.

        Immédiatement après le dîner, je me rends à la Pointe-Yamachiche, où c’est le calme plat, à part les quelques 180 à 200 Petits Fuligules d’hier. Avec le fort vent du sud un peu frisquet, je me promets de ne pas rester trop longtemps, lorsqu’en promenant mes jumelles sur le rivage de la petite baie, un limicole s’y trouve et il ressemble à un Bécasseau variable; en approchant de lui, je réalise que je suis en présence d’un Bécasseau violet des plus discrets, soit un adulte, lequel, dans sa tranquillité, semble seul dans son petit monde aviaire. Ce rarissime bécasseau se nourrit en fouillant dans les feuilles mortes jonchant le sol, près de l’eau de l’anse. Aujourd’hui, la chance me coure après et j’espère qu’elle ne me rattrapera pas, car je veux encore l’avoir à mes trousses et ce, le plus longtemps possible!

       Dans le sentier de la pointe, une Paruline à croupion jaune et quelques Mésanges à tête noire s’y trouvent, sans plus, mais, présentement, ça me laisse indifférent, ne pensant qu’à l’énorme chance obtenue en cette journée ensoleillée, avec l’observation du Carouge à tête jaune et du Bécasseau violet, soit un doublé exceptionnel, comme deux as dans son jeu pendant une partie de cartes, à la différence que j’ai tellement gagné avec ces deux individus ailés au lieu d’avoir peut-être perdu en jouant aux cartes.