LES OISEAUX DE L’AVENIR 
texte de Michel Bourassa
  

ŒUFS EN PÉRIL

 

                                               Article de Michel Bourassa

 

           Certaines espèces d’oiseaux choisissent des endroits très dangereux lorsque vient le temps de fabriquer leur nid et deux d’entre eux sont particulièrement audacieux, soit le Pluvier kildir et le Chevalier grivelé.

 

            Le Pluvier kildir, n’ayant besoin que de quelques brindilles d’herbes séchées ou de joncs dans le même état, ose défier toute logique en s’installant au centre d’une plage sablonneuse pour camoufler ses œufs (environ quatre), lesquels ont une teinte similaire à son environnement, ne les rendant pas moins vulnérables pour autant. En effet, au printemps 2010 et ce, à Pointe-Yamachiche, quelques couples de « kildir » ont adopté cette stratégie de nidification et plusieurs ont échoué, tout en ne sachant pas ce qui est survenu aux œufs de ceux qui ont été couvés sur une longue période, assez du moins afin de permettre leur éclosion car, pendant ce laps de temps, des chiens, des goélands et des corneilles, entre autres (tous des prédateurs), ont circulé dans les alentours, sans oublier les amateurs de plein air fréquentant le site (ayant représenté un danger d’écrasement des œufs par leurs pieds); l’espoir de réussite de quelques éclosions a essentiellement reposé sur la rapidité de chacun des jeunes Pluviers kildirs à avoir quitté le lieu de leur naissance, soit immédiatement et ce, pour aller se mettre à l’abri dans la végétation.

 

          Quant au Chevalier grivelé, cette espèce de limicole est des plus téméraires en amenant quelques brins de foin mêlés à de petites branches à moins de quarante centimètres d’un sentier où une circulation pédestre régulière et assez abondante s’effectue comme celui qui conduit à Pointe-Yamachiche. Il est très facile de découvrir un tel nid, puisque le chevalier qui se trouve à couver délaisse ses œufs et s’enfuit par l’avant, dans ledit sentier, ce afin d’éloigner le danger d’un potentiel prédateur, n’étant pas toujours le cas car, par ce départ, il indique l’endroit. Si près du chemin, tout marcheur, surtout si l’on occupe la voie côte à côte, peut piétiner le nid et anéantir toute une nichée, soit trois ou quatre œufs écrasés sans même s’en apercevoir; sur un tel site, plusieurs pontes risquent continuellement de subir un tel sort, devenant la rançon des habitudes des plus osées du Chevalier grivelé, une espèce d’oiseau de rivage qui mérite notre admiration face à cette bravoure involontaire, toujours prêt à répéter cette technique de nidification, année après année : il faut le faire!