LE CHEMIN NOIR

 

Article de Michel Bourassa

 

Sujet : Michel Desaulniers

 

 

                  Le « chemin noir » n’est pas une rue ou un rang de la municipalité de Yamachiche, mais plutôt un sentier assez large au côté nord de la voie ferrée, dont les entrées sont par le boulevard Duchesne (anciennement le boulevard Trudel) et par l’extrémité de la rue Notre-Dame, en traversant le chemin de fer, endroit surtout utilisé dans le passé par les propriétaires de meuneries. L’apparence noirâtre de la surface du chemin noir est le résultat des différents matériaux transportés par les camions et autres véhicules, lesquels tombaient de ceux-ci pendant le transport, comme le charbon et autres dérivés; le chemin est gravelé.

 

               Un espace assez grand pouvait et peut encore recevoir les marchandises débarquées des cages et des wagons ouverts laissés sur la voie de transfert, laquelle a été spécialement aménagée pour cet usage. La compagnie Duchesne et Fils Ltée, surtout dans les années 1950 à 1980, a utilisé cette « cour temporaire » lors des déchargements de tous les matériaux, principalement du bois, comme de la planche, des paquets de lattes, du madrier et de la solive 12X12 venant de l’Ouest Canadien; les cages contenaient aussi du ciment, de la chaux, de la laine minérale et divers autres produits achetés en gros.  À cette époque, le chemin noir a largement contribué à l’économie locale, avec l’activité constante de ce lieu, même l’hiver. Justement, un de ces hivers a vu un camionneur de « Duchesne », soit André R. Gélinas, avoir un grave accident en traversant la voie ferrée, en face de la rue Notre-Dame, se faisant happer par le train, pour miraculeusement s’en sortir vivant, projeté à plusieurs pieds, hors de son camion, dans la neige.

 

           Les meuneries locales, dont Jacques Lacerte, Gérald Milot et Marcel Bérard faisaient partie, recevaient leurs produits de moulées et de farines, en empruntant ce chemin noir des plus essentiels; encore aujourd’hui, certains de ces produits arrivent par train. L’endroit était souvent fréquenté par les jeunes, lesquels s’amusaient dans les cages vides et sur les piles de bois ou, tout simplement sur la voie ferrée, en mettant de petits cailloux ou des sous noirs sur les rails, juste avant le passage d’un train; un petit ruisseau à eau stagnante côtoie ledit chemin, avec une lignée de magnifiques pins le longeant et dans ce liquide, parfois à odeurs nauséabondes, des ouaouarons y coassent régulièrement et ce, lors des chaudes journées de l’été. En 2013, les arbres feuillus de ce même cours d’eau accueillent les centaines d’Étourneaux sansonnets, approchant même le millier, et ce à chaque jour; ces oiseaux se nourrissent à la meunerie locale du boulevard Duchesne.

 

         Merci à Michel Desaulniers pour avoir amené ce sujet, démystifiant les noms de ce coin de Yamachiche, soit la rue de La Gare pour le côté sud de la voie ferrée et le « chemin noir » pour le côté nord de cette dite voie, et non le chemin de la gare, lequel nom est celui de la rue du côté sud.