UN TRIO INFERNAL
Texte de Michel Bourassa
Un
des plus grands plaisirs pour un observateur est de voir arriver dans son
secteur, préférablement dans sa cour, un oiseau inhabituel et ce,
même si ce n’est que pour quelques jours ou quelques heures,
permettant de changer la routine, surtout si une telle faveur de la Providence
se produit pendant la période la plus tranquille, soit hivernale; la fin
de l’automne 2010 et les
premiers mois de 2011 vont me faire vivre de très beaux moments,
lesquels seront partagés avec vous dans les prochaines lignes.
Le tout
commença innocemment avec un Pic à ventre roux femelle, le 11
octobre 2011, lequel a été aperçu une première fois
sur un arbre de mon terrain le 23 août et lequel, sans que je le sache,
demeurera dans les alentours jusqu'à l’arrivée des oiseaux
migrateurs, soit jusqu’au début du mois d’avril. Ce pic se
promènera tout le long de la rue Gérin-Lajoie, ira à la
rue Bellemare, et fréquentera régulièrement la rue Conrad-Gugy et les arbres de mon boisé, me procurant
d’heureuses heures actives dans le but de le repérer; il se
nourrissait d’un peu de tout, soit de graines de tournesol, de maïs
cassé, de gras animal et même de beurre d’arachides,
celui-ci une gracieuseté d’une observatrice de la rue Bellemare.
Entre-temps, le 25
novembre 2010, une espèce des « pays nordiques »,
le Mésangeai du Canada, décida d’établir ses
quartiers sur le territoire du Pic à ventre roux et lui aussi restera
jusqu’au moins les premiers jours d’avril; très souvent, il
sera recensé aux mêmes endroits adoptés par le fameux pic
et afin de le retenir davantage dans mon coin, j’ai posé des
morceaux de pain sur les gaules aux abords de ma rue, lesquelles servaient de
guides pour le conducteur de la déneigeuse. Ce mésangeai scrutait
tous les endroits possibles et impossibles en quête de la moindre bouffe
à avaler et ce, sans presque jamais manquer le rendez-vous quotidien avec
votre humble serviteur; les dalles de gouttières, les solages, les
patios et les toits de maisons, l’intérieur des thuyas et des
épinettes, les poteaux de lignes électriques et de cordes
à linge, rien ne l’arrêtait dans ses recherches et ce, avec
une désarmante
désinvolture, passant devant les promeneurs dans la plus totale
indifférence. À son
tour, il m’a souvent fait oublier la longueur et surtout la rigueur de
l’hiver québécois.
Le troisième
membre de ce trio infernal n’est pas en reste puisqu’il
s’agit de la discrète Chouette rayée, laquelle a
daigné se présenter une première fois le 26
décembre 2010 pour faire de même jusqu’au 27 janvier 2011, ce autant aux arbres de la rue Gérin-Lajoie, de la
rue Jean-Baptiste-Gélineault et de la rue
Conrad-Gugy, si ce n’était à ceux
de la Petite rivière Yamachiche. Malgré
un départ plus hâtif de mon secteur que les deux autres
spécimens, cette Chouette rayée a fait le bonheur de quelques
maniaques de l’ornithologie en se laissant facilement observer à
chaque occasion; ce qui n’est pas à négliger, elle faisait
régulièrement acte de présence à la même
journée où le Pic à ventre roux et le Mésangeai du
Canada osaient aussi le faire, ce qui devenait très intéressant.
Ces trois « mousquetaires » ailés auront rempli
leur mission, soit d’avoir égayer ma
période hivernale 2010-2011, ce que je n’anticipais nullement dans
les débuts.
En terminant, il faut
absolument mentionner les deux Gélinottes huppées qui ont
occupé les épinettes, les sapins, les mélèzes, les
feuillus et un prunier géant, dans cette dite période de mois
d’hiver et ce, à proximité du trio infernal, et lesquelles
étaient régulièrement vues de ma part à ces
endroits stratégiques, souvent camouflées aux branches ou au sol.
Elles aussi ont leur mérite dans mes moments de divertissements lors des
plus belles journées de la saison froide; somme toute, l’hiver ne
fut pas aussi dur que çà! Un tel trio ne se reverra probablement
pas de sitôt.