LES ÉCREVISSES DU LAC
SAINT-PIERRE
Article de Michel Bourassa
Au même titre que les homards, les langoustes, les langoustines et
les crevettes, les écrevisses sont des crustacés comestibles et
elles sont une espèce minoritaire en eaux douces. Ce petit
crustacé occupe une place importante dans
l’écosystème halieutique du lac Saint-Pierre avec une certaine
abondance, ainsi que dans les rivières qui rejètent
leurs eaux dans ce dernier.
La majorité des pêcheurs commerciaux ont ignoré les
écrevisses jusqu’au début des années 1980, parce que
ce produit n’était pas connu des consommateurs, mais en 1985, le
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de
l’Alimentation (M.P.A.Q.) décida de s’impliquer; cette
implication passa par une pêche expérimentale à
l’écrevisse au lac Saint-Pierre et ce, avec des casiers. Cette
expérience dura au moins deux ans et annonçait un avenir assez
prometteur pour cette pêche à l’écrevisse,
espèce sous exploitée d’une part et demande importante sur
les marchés extérieurs (notamment France et Suède)
d’autre part. Dans cette période, en Europe, les prix sont de
$35.00 le kilogramme, et de $12.00 le kilogramme, chez Steinberg, au
Québec; la Louisiane (États-Unis) était le plus grand
producteur d’écrevisses avec ses 60 millions de livres par
année : très impressionnant!
Les pêcheurs ont commencé à augmenter leur volume
respectif en prises d’écrevisses, tout en publicisant la
qualité de ce produit dans les quotidiens et les hebdomadaires; en
même temps, les grossistes embarquèrent dans l’aventure par
des achats plus fréquents et plus volumineux d’écrevisses
en trouvant quelques points de vente, au Québec et à
l’extérieur. Mais un problème majeur se présenta et
ce fut l’irrégularité des captures, puisque les mois de mai
et de juin donnaient d’excellents résultats, tandis que les autres
mois suivants devenaient très pauvres, empêchant
l’exportation d’écrevisses sur le marché
européen, lequel exigeait un minimum en quantité, ainsi
qu’une régularité dans l’approvisionnement.
Malgré des captures raisonnables par les pêcheurs
commerciaux avec les casiers et avec les verveux, les efforts de mises en marché
devenaient difficiles et, ayant seulement les grossistes comme acheteurs
principaux (au prix de $1.00 la livre), dès le milieu des années
1990, avec une consommation stagnante de la clientèle
québécoise, le prix de gros tomba à $0.60 la livre et
même moins. À ce moment, le prix de vente au détail des
pêcheurs commerciaux se promenait entre $2.00 et $2.50.
Le client devait savoir qu’il fallait faire cuire les
écrevisses de la même manière que les homards, soit de
s’assurer de leur fraîcheur en les faisant bouillir vivantes et en
les salant abondamment (ne venant pas du milieu marin), tout en ayant
préalablement enlevé le filament noir de chacun des mâles,
ce, afin d’avoir une meilleure qualité pour le goût lors de
la dégustation de ce mets raffiné de haute gamme.
Malheureusement, les écrevisses du lac Saint-Pierre, ayant les
mêmes qualités gastronomiques que les crevettes et le homard, par
exemple, n’ont jamais été très populaires et ne le
deviendront jamais, car les années de la pêche commerciale dans ce
lac sont comptées, éliminant toute capture après
l’élimination de cette activité de cueillette.