ELLES SE FONT PRIER!
Article de Michel Bourassa
La dernière Hirondelle noire recensée dans ma
localité, soit Yamachiche, fut en 1990,
laquelle s’est même permise de m’injurier par des cris
incessants et ce, lorsque je tentais seulement de l’observer, assis dans
mon embarcation laissée à la dérive; tant et aussi
longtemps que je suis demeuré à sa proximité, elle a
continué ses lamentations. Je la voyais presque à chaque jour,
perchée dans l’un des mêmes arbres, aux abords de la
rivière et il ne fallait surtout pas que je m’arrête car
c’était la guerre! En 1995 et deux années plus tard,
à chacune des occasions, un seul individu de cette espèce
d’hirondelle a été vu pour le voir disparaître dans
les instants suivants : la Mauricie, vraiment pas la région
favorite de l’Hirondelle noire!
Probablement que la mort d’une multitude de celles-ci dans les
années 1990, lors d’un gel tardif au printemps, est un
événement marquant pour cette espèce dont les
générations suivantes se sont souvenues afin de ne pas, à
leur tour, subir le même sort. Peut-être aussi que la
prolifération d’Étourneaux sansonnets, ces pilleurs de
nids, est une des raisons de cette absence, comme le manque de cabanes à
plusieurs logements, connaissant leur habitude de vivre en colonie; je ne peux
que constater leur absence et c’est réellement navrant!
LE CANARD BRUN
Le 29 mai après-midi 1999, par une température
idéale, je suis sur le trajet de retour après une visite
éclair à l’embouchure de la Grande rivière Yamachiche et, en sortant de la courbe du sous-bois,
j’entends les cris d’un Canard colvert, lequel est sur l’eau,
à la rivière. Dans un geste routinier, je suis curieux de voir
où il se trouve exactement et dans un même temps, je vais en
profiter pour examiner les alentours.
Mais, quelle n’est pas ma surprise de découvrir un canard
complètement brun (même ses pattes), couleur aperçue parce
qu’il ose monter quelques secondes sur la rive, pour retourner
aussitôt à l’eau; son bec est en deux tons, soit
grisâtre à son origine (front), pour se terminer en un bleu
foncé à son extrémité. Il a une tache blanche
irrégulière au cou et à la gorge, une autre de cette
teinte à la poitrine et un ovale crème sur la tête;
j’ai signalé cette rencontre avec ce canard inusité au lac
St-Pierre à quelques ornithologues, lesquels n’ont pu,
malheureusement, mettre un nom sur ce dernier, peut-être d’origine
européenne, selon l’un d’eux. Un de ces observateurs a lui
aussi vu ce canard énigmatique sans être capable de le baptiser.
Pendant les trois semaines suivantes, surtout dans les premiers jours,
ce voyageur est demeuré en ces lieux pour, un matin, le retracer sur le
lac St-Pierre et ne plus le revoir par la suite; aujourd’hui, le
mystère reste encore entier sur son identité, mais j’ai bon
espoir de la connaître éventuellement.